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SCÉNOGRAPHIE

Un modèle scénographique : la salle à l'italienne

Renouer avec le modèle antique

Le premier grand tournant de la scénographie du théâtre occidental se situe à la Renaissance, avec l'avènement de la salle et de la scène à l'italienne. Dans le courant de théories artistiques préconisant de renouer avec l'inspiration des Anciens, la publication en 1486, par Sulpizio di Veroli, des traités de Vitruve, ingénieur et architecte romain du siècle d'Auguste, sera influente. Ces conceptions déterminent de nouvelles orientations architecturales pour la construction des théâtres, matérialisées notamment par Andrea Palladio (1508-1580), lors de la réalisation du théâtre de l'Académie olympique de Vicence, commencée en 1580 et achevée par Scamozzi en 1583. Pourtant son organisation scénique ne répond pas plus que les mansions au besoin d'unité et maintient des décors multiples ou juxtaposés. C'est un autre architecte italien, Sebastiano Serlio (1475-env. 1554), auteur de traités d'architecture et de perspective, qui, à partir de 1540, va jeter les bases de ce qui allait être un modèle théâtral durant des siècles, avec notamment l'instauration d'une dichotomie entre la salle et une scène aménagée – jusque dans son plancher incliné – pour créer l'illusion à travers le jeu de la perspective. La scénographie élaborée en cette période, puis à travers ses évolutions et variations jusqu'au xixe siècle en Europe, se fonde sur des décors en perspective, que ce soit à travers l'utilisation de toiles peintes ou d'éléments construits. Si, à l'origine, ces décors sont spécifiques aux genres dramatiques – tragédie, comédie ou pastorale –, ils vont évoluer, pour les œuvres classiques les plus jouées, vers un décor fixe susceptible d'évoquer surtout les lieux de l'action dramatique, dans une transposition du réel décorative et poétique. Leur mise en perspective s'organise à partir du point idéal des lignes de fuite, couramment appelé « l'œil du prince », en fonction de la place occupée dans la salle par les dignitaires. Car ce théâtre est pensé en fonction d'une hiérarchie sociale très marquée.

L'illusion baroque et le théâtre des machines

<it>Armide</it> de Lully, dessin de J. Berain pour les décors - crédits : AKG-images

Armide de Lully, dessin de J. Berain pour les décors

Au xviie siècle, l'évolution structurelle de la scène et l'apport de nouvelles techniques vont venir conforter ces applications scénographiques. Dans son traité Pratique pour fabriquer scènes et machines de théâtre (1638), l'architecte ingénieur Nicola Sabbattini développe les méthodes de réalisations scéniques en associant le décor à la machinerie. Depuis le cadre de scène, il définit une organisation de l'espace sur une surface à deux dimensions, intègre des effets visuels et sonores réalisés à l'aide de trappes et machines (apparitions, vols, mer, ciel, vent, tonnerre), et propose des solutions pour améliorer l'éclairage. Ainsi, selon l'optique baroque, la scène associe l'illusion à une forme de magie qui mêle formes, couleurs, sons, ombres et lumières, pour tendre vers l'émerveillement du spectateur. Les changements de décors effectués sous ses yeux au cours des intermèdes, les transformations, les nuées et les dieux qui descendent du ciel, concourent à cette perception.

À partir de ces éléments fondateurs, la scène à l'italienne connaîtra du xviiie au xxe siècle des évolutions, suscitées tant par son interprétation dans les différents théâtres européens, que par l'intégration des nouvelles techniques scéniques de plus en plus performantes. Elles influenceront les déclinaisons du modèle italien et ses expressions scéniques jusque dans ses conceptions architecturales, et maintiendront pour l'essentiel ses conventions et ses codes, jusqu'à l'avènement, au début du xxe siècle, de nouvelles[...]

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Claude Régy - crédits : Eric Feferberg/ AFP

Claude Régy

<it>Armide</it> de Lully, dessin de J. Berain pour les décors - crédits : AKG-images

Armide de Lully, dessin de J. Berain pour les décors

<em>Intérieur</em>, de Maurice Maeterlinck. - crédits : K. Miura/ Festival d'Automne à Paris, 2014

Intérieur, de Maurice Maeterlinck.

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