SCHIZOÏDIE
Type de caractère pathologique ayant des traits communs avec la psychose schizophrénique. Kretschmer (1888-1964), inventeur du terme « schizoïdie », l'emploie (1921) tantôt comme un synonyme de schizothymie, tantôt pour indiquer des états qui se situent davantage sur le chemin de la psychose. Cette ambiguïté langagière n'a jamais été résolue, et aujourd'hui encore on appelle schizoïdie :
a) Un tempérament, dit aussi schizothyme, pendant du cyclothyme dans le système de Kretschmer, propre à des sujets de constitution leptosome, et caractérisé psychologiquement par une humeur renfermée, introvertie, rêveuse et solitaire, un manque de réalisme conduisant à des positions philosophiques et religieuses fumeuses, ainsi que par une affectivité en surface pauvre et en profondeur hypersensible, délicate et susceptible. Ce caractère « anguleux », qui est celui de beaucoup d'artistes et de penseurs, peut s'« arrondir » à l'expérience de la vie et à l'épreuve de la réussite. Cependant, il peut aussi faire le lit de la schizophrénie. D'après des travaux récents, schizoïdie et schizophrénie seraient attribuables au même gène dominant dans l'hétérozygotie (c'est le cas de 50 p. 100 des membres des familles de schizophrènes), la schizophrénie se manifestant s'il y a, en plus, iso-allélisme et aussi sous l'effet de certaines circonstances extérieures (L. Heston, 1970).
b) Un caractère psychotique, celui que H. Claude appelait « schizomanie ». De même structure générale que la schizoïdie-tempérament, il conduit le sujet à l'isolement, au refuge dans une rêverie à thème compensatoire. Il s'explique par la mauvaise tolérance à la frustration et par la prédominance du narcissisme primaire. Ses limites avec la schizophrénie, d'une part, avec la « crise d'originalité juvénile », d'autre part, ne sont pas toujours nettes. En ce sens, le schizoïde est un prépsychotique.
c) Sous la dénomination de schizoïdie évolutive, des cas qui dépassent le trouble du caractère pour constituer une véritable maladie mentale, qui n'est cependant pas encore la schizophrénie proprement dite ; on parle aussi de schizophrenia mitis ou de schizophrénie apsychotique ou ambulatoire. Les bizarreries s'accroissent lentement au cours de l'existence. F. Marco Merenciano (1945) en a décrit trois formes : mélancolique, hypocondriaque et dépressive.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Georges TORRIS : docteur en médecine et en philosophie
Classification
Autres références
-
PSYCHOSE (psychanalyse)
- Écrit par Pierre FÉDIDA , Pierre JUILLET et Hélène STORK
- 10 054 mots
...précoces du développement affectif du nourrisson à travers l'étude du jeu et des fantasmes exprimés en psychothérapie par de tout jeunes enfants. La phase « schizoïde paranoïde », qui s'étend normalement sur les six premiers mois de la vie, fut alors considérée comme le point de fixation des psychoses infantiles...