- 1. Récit et discours de la science-fiction
- 2. De l'utopie au « meilleur des mondes »
- 3. Une galaxie littéraire
- 4. L'éclatement du genre
- 5. Des mondes hybrides
- 6. Du monde entier
- 7. La science-fiction francophone
- 8. Uchronies, le passé revisité
- 9. Univers graphiques et cinématographiques
- 10. Bibliographie
- 11. Sites internet
SCIENCE-FICTION
Du monde entier
Depuis le mort-vivant et le savant fou de Frankenstein (1816), la fantasy avec William Morris, l’innerspacede J. G. Ballard (Crash !, 1973), jusqu’à un autre type de steampunk avec China Miéville (Perdido Street station, 2000), la science-fiction britannique présente une grande inventivité. Très tôt, elle montre aussi une prédilection pour les récits catastrophes (John Wyndham, Le Jour des Triffides, 1951). À la croisée du biologique et de l'informatique, le meilleur auteur de hard science actuel est un Australien, Greg Egan, qui traite de l'identité en privilégiant le transfert de mémoire ou l’altération du corps. Il allie précision clinique et cohérence scientifique à un style personnel avec La Cité des permutants (1994) et les recueils de nouvelles comme Radieux (1995).
L’Italie possède une riche culture de fantascienza depuis Emilio Salgari, le Jules Verne italien. Mais le seul écrivain professionnel de S.F. après la mort de Lino Aldani demeure Valerio Evangelisti, qui met en perspective la violence et le totalitarisme passé, présent et futur, dans sa série Nicolas Eymerich, inquisiteur (1994-2010). La S.F. russe actuelle, comme l'égyptienne, est souvent publiée dans des collections populaires : on y trouve des univers partagés sous forme de « licences », avec des romans à la thématique prévisible où transparaît la nécessité de résister aux attaques étrangères pour préserver la paix. Les personnages sont héroïques et sympathiques, même si, pour sauver des innocents, ils torturent ou tuent. Situés dans des univers post-apocalyptiques, comme Dmitri Gloukhovski (Métro 2033, 2005), ces romans reflètent une nostalgie du passé et se montrent en quête d'identité. La S.F. allemande compte au moins deux auteurs : Andreas Eschbach (Des milliards de tapis de cheveux, 1995) et Michael Marrak (Lord Gamma, 2000), sans compter la série collective des Perry Rhodan, qui demeure le passage obligé des auteurs débutants. Après la disparition de Stanislas Lem, on rencontre peu de S.F. polonaise. L’Espagne connaît de bons écrivains de S.F., comme Juan Miguel Aguilera (Le Sommeil de la raison, 2006) ou Javier Negrete (Chroniques de Tramoree, 2003-2011). La production latino-américaine, plus confidentielle, moins axée sur la spéculation scientifique, se situe dans la continuité du réalisme magique, mais exprime aussi une critique politique et sociale, comme Yoss, à Cuba (Planète à louer, 2001). Elle prend son essor avec l'arrivée de publications spécialisées (Argentine, Chili, Venezuela) et d’Internet qui permet de toucher un plus vaste public (Pérou, Bolivie, Mexique).
On assiste également à un essor de la S.F. chinoise. Elle développe, après les années du maoïsme, une vision critique de la société, en insistant cependant sur la spécificité chinoise en ce qui concerne la science ou les libertés. Parmi les écrivains les plus reconnus, Liu Cixin pour sa trilogie Trois Corps (2007-2010) et Zheng Wenguang (The Mirror Image of the Earth, traduit dans le cadre d’une anthologie en 1989). On connaît la S.F. japonaise par les mangas et le cinéma avec le chef-d’œuvre The Ghost in The Shell (1995) de Masamune Shirow et quelques figures mythiques comme le monstre Godzilla, réveillé par les bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki, sans oublier 1Q84 de Haruki Murakami (2009-2010). Une trentaine d’auteurs par an sont publiés au Japon, qui sont rarement traduits.
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Écrit par
- Roger BOZZETTO : professeur émérite de l'université d'Aix-Marseille-I
- Jacques GOIMARD : historien de la science-fiction
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Médias
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