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SCIENCE-FICTION

La science-fiction francophone

Depuis au moins Jules Verne et Cinq Semaines en ballon (1863), la littérature française d’imagination ou de merveilleux scientifique a donné forme et modèles à l’imagination associée aux merveilles techniques. Elle a fourni des textes de qualité, entre autres ceux de J.-H. Rosny aîné, Jacques Spitz ou Maurice Renard, lequel inventait aussi la critique de ce qui apparaissait comme un nouveau genre littéraire, publié à la fois par des revues telles que Sciences et Voyages (1919-1935) et dans des romans épars. Le genre du merveilleux fantastique perdure jusqu’aux années 1950, moment où il devient la « science-fiction ». Pourtant, des auteurs tels que René Barjavel avec Ravage (1943) et plus tard Pierre Boulle avec La Planète des singes (1963) poursuivent leur œuvre sans référence à un genre que pourtant ils contribuent à populariser à travers les adaptations cinématographiques. On peut discerner dans ce changement de nom la convergence de plusieurs facteurs, notamment la présence active de critiques telle France Roche et de traducteurs comme Boris Vian, la revue Fiction, filiale du Magazine of Fantasy and Science-Fiction, et les collections « Rayon fantastique » et « Présence du futur » qui se créent alors. Par leur imaginaire neuf et leur style un peu fruste, ces textes traduits vont inspirer une pléiade de jeunes auteurs : Gérard Klein, Jacques Sternberg, André Ruellan, Stefan Wul rivalisent bientôt avec les auteurs anglo-saxons.

Pendant que la S.F. d’outre-Atlantique poursuit son propre développement et invente de nouveaux thèmes, la France des années 1970 imagine une science-fiction mûrie, à caractère politique. Jean-Pierre Andrevon dynamise en les revisitant les thèmes liés à l’écologie : fins du monde, pollution, extinction des espèces, surpopulations, etc. Ces récits opposent à la S.F. littéraire de la collection « Ailleurs et demain » (créée en 1969) un « ici et maintenant » de tonalité nettement plus révolutionnaire. Entre les deux, Michel Jeury explore les mondes de la chronolyse, qui permet de manipuler le temps et fait écho aux thèmes chers à P. K. Dick.

Dans les années 1980-2000, la S.F. francophone est exceptionnellement riche et diversifiée : on y croise des artistes comme Jean-Claude Dunyach, nouvelliste (Déchiffrer la trame, 2001), des rêveuses comme la néo-québécoise Élisabeth Vonarburg (Tyranaël, 1994-1997), des politiques comme Jean-Marc Ligny (Aqua, 2006), des éclectiques comme Michel Pagel (L'Équilibre des paradoxes, 1999), des inclassables comme Serge Brussolo (Les Semeurs d’abîmes, 1983). Cette variété est due en partie au fait que les collections « Fleuve Noir », « Anticipation » et « Présence du futur » changent de politique et publient de jeunes auteurs français.

Les années 1990 proposent un retour du politique avec Serge Lehman (F.A.U.S.T, 1996), Maurice G. Dantec (Les Racines du mal, 1995), des space operas revivifiés par Roland C. Wagner (Le Chant du cosmos, 1999), qui mêle avec humour les codes du policier et de l'anticipation (Les Futurs Mystères de Paris, 1996). Autour des années 2000 apparaissent de nouveaux éditeurs, Le Bélial', Mnémos, Bragelonne, La Volte, Les Moutons électriques,qui favorisent un renouvellement de thèmes et de tons. Le Fleuve Noir s’ouvre à de nouveaux auteurs tout en conservant les plus anciens : ainsi de G.-J. Arnaud et de sa monumentale saga (La Compagnie des glaces, 1980-1992 et 2001-2005).

En revanche, peu d’auteurs francophones – Jean-Louis Trudel, Claude Ecken – ont exploité la thématique américaine du cyberpunk, alors que ces univers très sombres trouvaient des prolongements au cinéma (Matrix, 1999 ; Avalon, 2001), et dans les jeux vidéo (Deus Ex, 2000), où règnent les créateurs japonais (Snatcher, 1988 ; Log Horizon, 2012).

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<em>Matrix</em>, de Larry et Andy Wachowski, 1999 - crédits : Jasin Boland / Roadshow Film Limited / Album/ akg-images

Matrix, de Larry et Andy Wachowski, 1999

<em>Ghost in the shell</em>, de Oshi Mamoru, 1995 - crédits : Bandai/Kodansha/Production I.G. / The Kobal Collection/ Aurimages

Ghost in the shell, de Oshi Mamoru, 1995

<em>Memento</em>, de Christopher Nolan, 2000 - crédits : NEWMARKET CAPITAL GROUP / Ronald Grant Archive/Mary Evans Picture Library / Photononstop

Memento, de Christopher Nolan, 2000

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