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SCOPAS (actif entre 370 av. J.-C. et 330 av. J.-C.)

Né à Paros d'un père lui-même sculpteur, Scopas est l'un des plus brillants représentants d'une école qui a joué un rôle de premier plan dans le développement de la plastique grecque depuis le haut archaïsme. Formé au matériau de sa patrie — le marbre de la sculpture par excellence —, il est essentiellement un marbrier : les textes ne lui attribuent qu'une seule œuvre en bronze, l'Aphrodite Pandémos d'Elis. Comme la plupart des sculpteurs grecs, il était spécialisé dans un genre : toutes ses œuvres connues sont des représentations divines, statues de culte en marbre ou figures mythologiques diverses. Un groupe représentant Poséidon, Thétis, Achille et tout un cortège de néréides et de tritons (Pline l'Ancien, XXXVI, 26 ; S. Lattimore, The Marine Thiasos in Greek Art, Los Angeles, 1976) a pu, avant d'être transporté à Rome, être conçu primitivement comme un décor de fronton, d'autant plus que Scopas a participé à la décoration sculptée de plusieurs bâtiments : le deuxième temple d'Artémis à Éphèse (reliefs d'une des trente-six colonnes à tambour sculpté), le mausolée d'Halicarnasse (une partie de la frise ionique) et surtout le temple d'Athéna Aléa à Tégée (C. Dugas, J. Berchmans, M. Clemmensen, Le Sanctuaire d'Athéna Aléa à Tégée, Paris, 1924), dont il fut aussi l'architecte selon Pausanias (VII, vl, 4-7). Des quelque vingt statues que lui attribuent les textes antiques, aucun original ne nous est parvenu ; aussi est-ce seulement sur les sculptures de Tégée que l'on peut fonder une définition de son style, qui permettra d'apprécier ensuite la valeur des copies existantes (A. F. Stewart, Skopas of Paros, Park Ridge, New Jersey, 1978).

Les fragments retrouvés, bien que leur nombre ait été notablement accru par les fouilles complémentaires récentes, sont minimes en regard de l'importance d'un ensemble sculpté qui comprenait deux frontons d'une quinzaine de figures chacun, deux acrotères faîtiers à motifs végétaux et quatre acrotères d'angle représentant des personnages féminins (victoires et dryades ?), douze métopes, enfin, en ronde bosse appliquée comme la frise de l'Érechthéion, au-dessus du pronaos et de l'opisthodome. Il ne reste que des vestiges insignifiants des métopes et juste assez des acrotères et des frontons pour suggérer un style, mais trop peu pour reconstituer les compositions des tympans, qui représentaient à l'est la chasse au sanglier de Calydon, à l'ouest le combat de Télèphe et d'Achille dans la plaine du Caïque — thèmes héroïques originaux en rapport avec l'histoire locale. Compte tenu des différences d'exécution dues à l'habileté variable des sculpteurs qui réalisèrent les cartons et les modèles de Scopas — le maître se réservant sans doute, comme jadis Phidias au Parthénon, l'exécution des statues de culte : ici celles d'Asclépios et d'Hygie destinées à flanquer la statue archaïque d'Athéna par Endoïos —, ce qui frappe, c'est l'intensité dramatique du style, que ce soit dans l'expression tourmentée des visages, où les lèvres entrouvertes dessinent une moue amère et où les yeux sont ombrés par le surplomb d'arcades sourcilières très marquées, dans la torsion violente qui bande les corps et détourne les têtes ou dans l'animation nerveuse du drapé, tantôt plaqué au corps et tantôt bouffant en plis profonds. Ce goût pour une expressivité poussée jusqu'au pathétique distingue également les autres œuvres où l'on s'accorde à reconnaître la main de Scopas : quelques plaques de la frise du mausolée d'Halicarnasse (Londres, British Museum) et les copies de quelques statues dont l'attribution est sûre : la Ménade de Dresde, le Pseudo-Méléagre[...]

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Écrit par

  • : ancien membre de l'École française d'Athènes, professeur émérite d'archéologie grecque à l'université de Paris-X-Nanterre

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