SCROPHULARIACÉES
Particularités biologiques
Les Scrophulariacées parasites, réunies dans la tribu des Rhinanthées, exploitent, par des connexions interacinaires, des hôtes très divers ; on observe une progression, depuis un hémiparasitisme douteux jusqu'à un holoparasitisme très spécialisé proche de celui des Orobanchacées. Au contact avec la racine hôte, la racine parasite développe un haustorium (suçoir) au sein duquel se forme un pont interxylène. Dans la forme la plus simple de parasitisme (Melampyrum, Euphrasia...), la jeune Scrophulariacée mène une vie autotrophe jusqu'à ce que son système racinaire rencontre fortuitement un hôte : elle développe alors de petits haustoria « secondaires », formés dans la région subterminale d'une racine latérale au contact d'une racine hôte ; mais les espèces au parasitisme plus strict (Striga) ne peuvent germer qu'en présence d'excrétions racinaires de l'hôte, et la radicule se dirige par chimiotropisme vers la racine nourricière au contact de laquelle elle développe aussitôt un haustorium « primaire » formé par l'apex de la racine primaire ; des racines latérales produisant des haustoria secondaires apparaissent.
Morphologiquement très différenciées, les fleurs des Scrophulariacées sont typiquement entomogames ; les formes corollines, les structures « d'accueil » et « d'atterrissage », les taches et crêtes « de guidage », les appareils sécréteurs et collecteurs de nectar, les arcures des filets staminaux et du style, la fréquente connivence des anthères (pouvant aller jusqu'à une adnation), les appendices staminaux divers favorisent la pollinisation par les insectes. Malgré ces adaptations poussées, il semble que la fécondation croisée ne soit pas une nécessité absolue, une autogamie tardive « de secours » étant généralement possible ; l'entomogamie défaillante peut également être relayée par une anémogamie tardive (Euphrasia) par modification de la texture pollinique.
L'autogamie se rencontre chez les fleurs spécialisées d'espèces par ailleurs allogames ; elle apparaît alors comme une évolution dépassant le stade pourtant fort élaboré de l'entomogamie. On trouve simultanément, chez Euphrasia officinalis, des fleurs grandes, protandres, allogames, et d'autres semblables mais plus petites, autogames. Le dimorphisme floral est plus spectaculaire encore chez les espèces susceptibles de cléistogamie, phénomène fréquent chez les Scrophulariacées ; l'autofécondation est alors seule possible chez les fleurs dont le périanthe, réduit, demeure clos jusqu'à la fructification ; de telles fleurs peuvent être constantes dans une partie de l'inflorescence (Dopatrium junceum) ou exister seules dans une population entière où elles manqueront lors d'une autre saison (Lindernia procumbens) ; le déterminisme de la cléistogamie, qui reste assez mystérieux, semble dépendre à la fois de la maturité physiologique de l'individu et de facteurs écologiques.
Certaines Scrophulariacées sont officinales : digitale, véronique (Veronica officinalis), scrofulaire, molène ou bouillon-blanc (Verbascum), Gratiola, Euphrasia.
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Écrit par
- Aline RAYNAL : assistante au Muséum national d'histoire naturelle
Classification
Média
Autres références
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DIGITALE
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Décrite pour la première fois par Leonhart Fuchs en 1542, reconnue diurétique et cardiotonique à la fin du xviiie siècle par les Anglais Withering et Cullen (les paysans de leur pays l'employaient empiriquement dans l'épilepsie, non sans risques), la digitale (Digitalis purpurea...
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La plupart des Scrophulariacées ( Tubiflorales) parasites sont annuelles (Rhinanthus, Euphrasia, Striga, etc.) ; produisant en grand nombre des graines minuscules, elles disposent d'un pouvoir d'infestation élevé, renouvelé chaque année. Dans le sol, leurs racines émettent des suçoirs dans celles des...