SCULPTURE Matériaux et techniques
Dresser un tableau exhaustif des matières premières utilisées par les sculpteurs est presque impossible. Des gemmes les plus précieuses au mélange de boue et de cendre humaine dont sont constituées certaines figures magiques de l'Asie centrale, il est peu de matériaux qui n'aient pu, à un moment ou à un autre de l'histoire, servir de support à l'art du sculpteur entendu dans son sens le plus large.
Cette diversité est inhérente à la nature même de la sculpture qui découle des possibilités offertes à l'imagination humaine d'évoluer dans un espace tridimensionnel. Toute matière première susceptible d'être modifiée dans sa forme par l'action de l'homme est donc sculpture en puissance. Mais cette modification formelle ne peut être obtenue qu'à l'aide de techniques, simples dans leur principe, plus complexes dans leurs effets, mais qui exigent en général un « tour de main », voire dans certains cas une certaine force physique. En cela le sculpteur est plus proche des divers corps de métier de l'artisanat d'art que du peintre. Le rôle joué par les techniciens purs, fondeurs ou praticiens du marbre par exemple, est d'une importance beaucoup plus grande que celui dévolu aux aides dont un peintre peut éventuellement s'entourer. La diversité des matériaux et des techniques favorise ainsi une division du travail parfois très poussée. Dans quelques cas limites, il est très difficile de nommer l'auteur d'une sculpture donnée. Le procès intenté par Richard Guino contre les héritiers de Renoir n'illustre qu'un des aspects de ce problème (celui où la « main créatrice » d'un individu obéit à l'« esprit concepteur » d'un autre individu). Plus classique et plus fréquente est l'ambiguïté du rapport entre sculpteur et fondeur. Un historien d'art doit-il considérer comme authentiques les fontes de Carpeaux ou de Rodin exécutées plusieurs années après la mort de ces artistes ?
En fait, le sculpteur dispose d'une très grande liberté, car l'éventail des techniques et des matériaux qui s'offrent à lui est incontestablement plus ouvert que celui dont dispose le peintre. Mais chaque option est pour lui contraignante : matériaux et techniques imposent au sculpteur une certaine démarche. Aussi la sculpture ne porte-t-elle jamais aussi profondément que la peinture la marque de l'individu. Ce n'est pas au niveau technique que la personnalité de l'artiste apparaît. Et pour qui examine une sculpture, il est bon de savoir distinguer et reconnaître le « truc d'atelier » de ce qui serait l'équivalent de la « touche » picturale. Avant toute tentative de classification des matériaux propres à être sculptés, deux notions essentielles, quoique contradictoires en apparence, doivent être dégagées : d'une part, le choix d'un matériau implique pour le sculpteur un certain nombre de servitudes et de facilités dont la méconnaissance ne pourrait que fausser le jugement porté sur l'œuvre achevée ; d'autre part, une même forme plastique créée par un sculpteur peut être traduite dans des matériaux extrêmement divers.
Il faut enfin ajouter que des matériaux hétérogènes dont le traitement technique est parfois fondamentalement différent sont associables dans une même sculpture.
Les matériaux
Classification
Plusieurs classifications des matériaux qu'utilise le sculpteur peuvent être envisagées.
Il serait possible de faire une première répartition en se fondant sur leur origine soit minérale (toutes les pierres, l'argile, le plâtre et leurs dérivés, mais aussi les métaux), soit organique (bois et dérivés, cire, ivoire et os), soit synthétique. Mais ce classement, tout satisfaisant pour l'esprit qu'il puisse paraître, ne correspond à rien de concret. Les critères de distinction[...]
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Écrit par
- Jean-René GABORIT : conservateur général chargé du département des Sculptures, musée du Louvre
Classification
Médias
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