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SCULPTURE Matériaux et techniques

Les étapes de la création

L'une des difficultés majeures dès que l'on aborde l'étude d'une sculpture est toujours de la situer dans le lent processus d'élaboration qui permet au sculpteur de parvenir à l'œuvre achevée. La notion d'œuvre originale est en sculpture particulièrement fuyante. Entre l'œuvre entièrement autographe et la simple reproduction commerciale, il existe tout un éventail de possibilités qui n'ont pas d'équivalent rigoureux dans le domaine de la peinture.

Dans la sculpture traditionnelle occidentale telle qu'elle se développe du xve siècle à la fin du xixe siècle, l'œuvre progresse selon un schéma trinitaire : esquisse de petites dimensions, modèle à grandeur, exécution, de préférence en marbre. Cet itinéraire, où seule compte la dernière étape, souffre presque toujours d'une altération capitale : la deuxième étape est dédoublée lorsque le modèle en terre, trop délicat à entretenir, est moulé à creux perdu et que le plâtre original se substitue à lui comme témoignage direct de la forme voulue par l'artiste. Et le fait de rendre durable le modèle, éphémère à l'origine, est significatif de l'attitude des sculpteurs qui ont essayé de conserver intacts les témoins de chaque étape de leurs créations.

L'esquisse en terre crue a souvent été soumise à la cuisson. Si le modèle à grandeur n'est le plus souvent conservé qu'à l'état de plâtre original, la maquette, c'est-à-dire le modèle en réduction des sculptures de grandes dimensions, est, elle aussi, parfois conservée sous forme de terre cuite ou de cire. Si, de son plâtre original, l'artiste a tiré un moule à bon creux, une série d'épreuves d'atelier ont pu être mises en circulation. C'est le plus souvent sur l'une de ces épreuves d'atelier que s'est faite la mise aux points qui a permis l'exécution d'un ou de plusieurs marbres. Sur le plâtre original, et sans entraîner nécessairement sa destruction, on a pu aussi prendre le moule nécessaire à la fonte d'un bronze à cire perdue. Pour éviter d'abîmer le modèle, cette première épreuve en bronze a pu être utilisée comme modèle pour des fontes ultérieures. Et les œuvres qui résultent de ces diverses opérations peuvent toutes être qualifiées d'authentiques. Mais, en combinant diverses techniques, le sculpteur peut encore altérer le schéma élémentaire de la création plastique. C'est ainsi qu'un plâtre original, produit type de la technique du moulage, modifié par suppression de certains éléments ou au contraire par ajouts de cire modelée, devient un modèle distinct du modèle primitif (plâtres retouchés à la cire servant de modèles aux fontes de Barye). La même association moulage-modelage se retrouve dans le cas des bustes où le sculpteur intègre un estampage tiré d'un masque mortuaire ou bien dans les compositions où l'artiste incorpore dans un ensemble modelé des éléments moulés provenant soit d'études préalables pour l'œuvre elle-même, soit d'autres œuvres exécutées par lui ; c'est cette dernière pratique que l'on désigne communément sous le nom de marcottage.

On comprend qu'avec un tel éventail de possibilités certains ateliers, habilement gérés par un sculpteur en renom, aient eu une production considérable. Houdon, Canova, Carpeaux fournirent ainsi à leur clientèle un choix considérable de possibilités ; la même œuvre était proposée en matériaux et en formats divers et avec des variantes propres à satisfaire les goûts les plus opposés (versions à la française et à l'antique des bustes de certaines figures en pied de Carpeaux).

Il convient de faire une place à part à ce que l'on appelle la sculpture d'édition. Elle est avec la sculpture[...]

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Écrit par

  • : conservateur général chargé du département des Sculptures, musée du Louvre

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Médias

Apollon et Daphné, Bernin, 3 - crédits : Alinari Archives/ Corbis

Apollon et Daphné, Bernin, 3

Persée, B. Cellini - crédits : DeAgostini/ Getty Images

Persée, B. Cellini

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