SCYTHES
Guerres et conquêtes
Suivant les données assyriennes, Cimmériens et Scythes ravageaient dès le viiie siècle les royaumes de l'Orient ancien et prenaient une part active aux guerres qui opposaient Assyriens, Mèdes et Néo-Babyloniens. Poursuivant les Cimmériens par des jeux d'alliances subtiles, les Scythes conquirent la Médie, la Syrie, la Palestine, ne s'arrêtant qu'en 611 avant J.-C., désarmés par les dons judicieux du pharaon Psammétik Ier. Pratiquement maîtres de l'Asie antérieure pendant plus d'un quart de siècle, ils laissèrent un souvenir de terreur dont les prophètes de la Bible et l'Apocalypse soulignent l'ampleur.
Après avoir écrasé les Cimmériens en Asie Mineure (635 av. J.-C.), les Scythes furent eux-mêmes chassés par les Mèdes et ramenés à leur point de départ, en terre européenne. Au vie siècle avant J.-C., ils occupaient largement les steppes de l’Ukraine et la Russie méridionale. Tandis qu'un groupe de Scythes nomades faisait paître ses troupeaux dans les steppes cimmériennes, le groupe aristocratique dit des Scythes royaux s'installait sur les bords de la mer d'Azov. Deux autres groupes d'agriculteurs, Scythes cultivateurs et Scythes laboureurs, travaillaient respectivement les terres fertiles du bas Dniepr et celles du Bug moyen. Les voisins de cet empire étaient, à l'est, les Sauromates dans le Caucase septentrional ainsi que la tribu apparentée des Méotes au Kouban ; et à l'ouest, les tribus thraco-cimmériennes sises entre le Danube et la mer Égée. En même temps que se produisaient les mouvements des populations nomades, la colonisation grecque enrichissait les rives septentrionales de la mer Noire. Des comptoirs, fondés à partir du viiie siècle avant J.-C. par les Milésiens, devinrent vite des villes importantes, telles Panticapée en Crimée orientale, bientôt capitale du royaume de Bosphore, et Olbia, le plus gros centre commercial aux bouches mêmes du Dniepr et du Bug. Ces marchés florissants devaient leur fortune au fait que la Scythie était alors le grenier de la Grèce et son grand pourvoyeur en bois. Ainsi, dès le début du vie siècle, Darius voulut-il pour dominer la Grèce affamer ses villes et appauvrir ses arsenaux en la coupant de la Scythie. En 514-512, il traversa le Danube, mais les cavaliers scythes évitèrent l'affrontement et attirèrent toujours plus profondément dans la steppe un adversaire qui ne trouvait devant lui que terres brûlées. Sans défaite, mais sans victoire, Darius dut se retirer pour éviter une désastreuse déroute. Désireux de prendre une revanche, le roi scythe Aristagorus chercha contre les Perses l'alliance de Cléomène de Sparte, mais il échoua et rentra dans ses terres, ravageant en 495 la Thrace et gagnant la Chersonèse. Au ive siècle, les Scythes furent eux-mêmes harcelés par les Sarmates qui commençaient à regrouper toutes les tribus nomades entre Don et Volga. En 346, les Sarmates traversèrent le Don, et le roi scythe Ateas voulut compenser cette pression en conquérant les terres occidentales sises au sud du Danube. Arrêté par Philippe II de Macédoine, il ne se retira que contraint par Alexandre le Grand, non sans avoir obtenu quelques gages de certaines tribus autochtones. Entre les Macédoniens et les Sarmates, le pouvoir politique des Scythes s'amenuisa. Ils durent se retirer sur les terres de Crimée, et, vers 110 avant J.-C., Scylure transféra leur capitale à Neapolis. Entre-temps, et depuis le ive siècle environ, les Scythes s'étaient sédentarisés. Au cours des iiie et iie siècles, à l'image d'un État civilisé, ils avaient fondé eux-mêmes des villes et des comptoirs. Peu après, les Sarmates, cavaliers cuirassés et lourdement armés grâce à leurs étriers, chassèrent des steppes la cavalerie légère de l'ennemi. Seuls, les Scythes royaux, entièrement sédentarisés[...]
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Écrit par
- Vadime ELISSEEFF : conservateur en chef du musée Guimet, directeur d'études à l'École pratique des hautes études en sciences sociales
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Médias
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