PENN SEAN (1960- )
Né à Santa Monica (Californie) le 17 août 1960, issu d'une famille d'acteurs (son père est le comédien et metteur en scène Leo Penn, sa mère l'actrice Eileen Ryan), Sean Penn débute au cinéma dans Taps (Harold Becker, 1981), après une adolescence difficile et des études de théâtre. Son physique buté et son visage à l'expression intense lui permettent de tenir tête à des partenaires aguerris avec un talent naturel et opiniâtre. Quelques films sans prétention (Fast Times atRidgemont High, Amy Heckerling, 1982 ; Bad Boys, Rick Rosenthal, 1983) ont tôt fait de le rendre familier du jeune public. Des réalisateurs importants le remarquent, et des rôles modestes (Crackers, Louis Malle, 1984, remake du Pigeon de Mario Monicelli) ou des emplois à la James Dean (Les Moissons du printemps [Racing with the Moon], Richard Benjamin, 1984 ; Comme un chien enragé[At Close Range], James Foley, 1986) lui forgent une réputation de rebelle. Un mariage éclair avec la chanteuse Madonna lui apporte la célébrité, mais le couple n'est réuni au cinéma que pour Shanghai Surprise (Foley, 1986), qui sera un gros échec commercial.
C'est Brian De Palma qui, avec deux films, lui permet d'enrichir considérablement sa palette : sous sa direction, il interprète le rôle d'un sergent bestial et criminel pendant la guerre du Vietnam (Outrages[Casualties of War], 1989) et celui d'un avocat marron, drogué et corrompu (L'Impasse[Carlito'sWay], 1993). Parallèlement, Sean Penn passe à la réalisation avec The IndianRunner (1991), joli film intimiste qui met à nu un conflit familial dans l'Amérique rurale. Il ne délaisse pas pour autant le métier d'acteur : son interprétation écorchée d'un condamné à mort dans La Dernière Marche[Dead Man Walking]de Tim Robbins (1995) lui vaut une nomination à l'oscar. L'énergie que Penn met à défendre à travers son personnage la cause de l'abolition de la peine de mort emporte l'adhésion, même si son jeu verse parfois dans l'excès (mâchoires crispées, corps tendu, muscles bandés, larmes faciles). Mais l'homme, l'artiste et le cinéaste sont tout entiers dans ce « trop-plein ».
Sean Penn explore cependant avec courage des registres contrastés. L'année 1997 est particulièrement représentative de son refus des clichés : il est, successivement, un inquiétant enfant gâté au smoking impeccable (The Game, David Fincher), un looser désespéré aux vêtements en lambeaux et maculés de terre et de sang (U-turn, ici commence l'enfer[U-turn], Oliver Stone) et un caractériel imprévisible (She's So Lovely, Nick Cassavetes, sur un sujet de John Cassavetes). À chaque fois, il aborde le personnage et la tonalité du film avec une absence totale de préjugés. C'est ainsi qu'il accepte de tenir un rôle secondaire dans The Game, puis, en militaire survolté, dans La Ligne rouge [The ThinRed Line]de Terrence Malick (1997) et, en écrivain dandy et alcoolique, dans The Weight of Water (Kathryn Bigelow, 2000). Dans She's So Lovely, il partage l'affiche avec John Travolta et Robin Wright-Penn, son épouse. Tous deux s'étaient rencontrés en 1990 sur le tournage des Anges de la nuit[State of Grace], de Phil Joanou, excellent film sur la délinquance dans lequel Sean Penn apportait une dimension nouvelle, grâce à sa sensibilité explosive, au personnage traditionnel du policier infiltré dans une bande de malfrats. Plein d'admiration pour le talent de son épouse, Sean Penn lui confiera deux rôles mémorables de femme brisée, dans CrossingGuard([The CrossingGuard], 1995) et dans The Pledge (2001).
Cinéaste à part entière, Sean Penn ne joue pas dans ses propres réalisations. Psychologue subtil, il est aussi à l'aise au cœur d'une distribution prestigieuse (The Pledgeréunit, autour de Jack Nicholson – déjà vedette[...]
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Écrit par
- Christian VIVIANI
: historien du cinéma, professeur émérite, université de Caen-Normandie, membre du comité de rédaction de la revue
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Média