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LECLERC SÉBASTIEN (1637-1714)

Sébastien Leclerc est certainement le graveur le plus représentatif du règne de Louis XIV dont il est le contemporain presque exact et dont il transcrit avec rigueur et élégance les manifestations essentielles. Sa carrière, longue et laborieuse, est cependant exempte des noirceurs du siècle, et son art échappe à toute brutalité.

Fils d'un orfèvre de Metz, Sébastien Leclerc est baptisé le 26 septembre 1637. Il montre une grande précocité pour le dessin, produit ses premières gravures à l'âge de dix-sept ans et son premier chef-d'œuvre, la suite de la Vie de saint Benoît, en 1658-1659. Mais il est également doué pour les mathématiques, la géométrie et la perspective. Ingénieur du maréchal de La Ferté-Senneterre en 1660, il quitte en 1664 la province pour Paris. Présenté au Premier peintre Charles Le Brun, celui-ci l'encourage et le fait travailler. Logé aux Gobelins, il grave dès 1668 pour le roi. Son interprétation de la pompe funèbre du chancelier Séguier mise en scène par Le Brun lui ouvre en 1672 les portes de l'Académie de peinture et sculpture. En 1673, il se marie avec la fille d'un teinturier des Gobelins, qui lui donnera dix-huit enfants, dont le plus célèbre est Sébastien II, qui sera peintre et académicien. Leclerc enseigne le dessin et les mathématiques au marquis de Blainville, fils de Colbert, puis au duc de Bourgogne. Il enseigne également la géométrie et la perspective à l'Académie royale (1680-1689) puis à l'Académie des Gobelins à partir de 1691. Il obtient en 1693 le brevet de graveur ordinaire du roi et en 1706 est fait chevalier romain par le pape. Lorsqu'il meurt, le 23 octobre 1714, il laisse un œuvre colossal de plus de trois mille pièces, la plupart de petit format, il est vrai, dont plus de la moitié illustre des livres et dont il a presque toujours inventé les compositions (Maxime Préaud, Inventaire du fonds français. Graveurs du XVIIe siècle : Sébastien Leclerc, t. VIII et IX, Bibliothèque nationale, Paris, 1980). Mais il n'est pas moins habile dans ses interprétations d'autrui : ses réductions des gigantesques Batailles d'Alexandre de Le Brun sont un chef-d'œuvre de la gravure en petit. D'une exemplaire correction de dessin, d'une netteté sans égale dans la gravure, toujours à l'eau-forte pure ou rehaussée de burin, d'une imagination fertile et d'une impressionnante facilité d'exécution, sa production, d'une grande cohérence, ne connaît quasiment pas de faiblesse. Aussi serait-il difficile d'énumérer ses chefs-d'œuvre. Parmi ses estampes volantes, la plus spectaculaire est probablement celle où l'on voit l'installation des énormes pierres destinées à former le fronton du Louvre (1677) ; la représentation en serait si exacte que, selon certains, on aurait pu grâce à la gravure de Leclerc reconstituer les machines qui servirent à cet exploit technique. Sa pièce la plus célèbre est néanmoins l'Académie des sciences et des beaux-arts (1698) : non content d'y installer une foule de personnages, de machines et instruments divers, Leclerc y inscrit des éléments retraçant sa propre carrière ; ainsi, non seulement elle est un hommage au progrès accompli pendant le règne de Louis XIV, mais elle montre à quel point Leclerc est impliqué dans ce progrès. Il est vrai qu'il était le graveur attitré de l'Académie des sciences, dont il a abondamment et rigoureusement illustré les publications. Dans sa dernière gravure inachevée, lui-même s'est complaisamment mis en scène à l'intérieur d'un atelier idéal empli de maquettes dont il faisait collection, en train de faire une démonstration de physique à des savants venus le visiter. Car Sébastien Leclerc était aussi foncièrement pédagogue et les cours de géométrie pratique qu'il publia (1669, 1682), accompagnés de vignettes intelligentes et alertes, largement[...]

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Écrit par

  • : archiviste-paléographe, conservateur en chef à la Bibliothèque nationale

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