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SÉBASTIEN STOSKOPFF (exposition)

À l'occasion du quatre centième anniversaire de la naissance de Sébastien Stoskopff, le musée de l'Œuvre Notre-Dame de Strasbourg – relayé par le Suermont-Ludwig Museum d'Aix-la-Chapelle – a organisé en 1997 une grande exposition de l'œuvre de ce peintre strasbourgeois, la seconde après celle, plus modeste, d'Idstein, en 1987. Comme La Tour et Vermeer, Stoskopff est l'un de ces artistes du xviie siècle qui, après avoir sombré dans l'oubli en dépit de la notoriété dont ils jouissaient de leur vivant, ont été redécouverts grâce à la passion et à l'érudition d'un historien de l'art, en l'occurrence Hans Haug (1890-1965), directeur du musée des Beaux-Arts (1930-1960) et créateur du musée de l'Œuvre Notre-Dame de Strasbourg, où il parvint à réunir dix œuvres du peintre sur les trente alors répertoriées. Aujourd'hui, plus de soixante sont connues, auxquelles ne manqueront pas de s'ajouter d'autres encore. La thèse soutenue en 1995 sur la vie et l'œuvre du peintre par Michèle-Caroline Heck, qui a rédigé le catalogue de l'exposition, et l'ouvrage publié par Birgit Hahn-Woernle (SebastianStoskopff, Stuttgart, 1996) ont fourni des documents d'archives nouveaux et donné plus largement accès à l'œuvre. Même si certaines attributions et datations demeurent encore incertaines, cette belle exposition et son catalogue substantiel marquent une étape décisive dans la redécouverte d'un artiste majeur dans sa spécialité, la nature morte.

Né en 1597 à Strasbourg, ville libre d'Empire passée au protestantisme luthérien en 1523, Sébastien Stoskopff fait son premier apprentissage chez un peintre local. Son père, courrier officiel de la Ville, obtient en 1615 que celle-ci accorde à son fils une bourse pour qu'il aille se perfectionner à Hanau, auprès de Daniel Soreau, peintre humaniste qui se targue de faire de son jeune disciple un « nouveau Dürer ». Lorsque Daniel Soreau meurt en 1619, c'est Stoskopff qui liquide son atelier, preuve qu'il était devenu son second. Il demande en 1622 le permis de s'établir à Francfort, qui lui est refusé. Sa trace devient dès lors très discontinue : il séjourne à Paris, mais il est signalé à Venise en 1629 ; à Troyes, en 1633, il échappe de justesse au zèle convertisseur d'un prédicateur capucin, dépité de voir lui échapper ce « peintre fort expert en son art, luthérien de croyance, Allemand de nation [...], dont le nom signifie en français Heurte-Teste » ; en 1636, il habite à Paris, dans le Marais. Parler de vingt années parisiennes interrompues par un voyage en Italie qui a pu le mener jusqu'à Rome, c'est probablement simplifier son parcours à l'étranger, sans doute prolongé par la guerre de Trente Ans (1618-1648), qui dévaste l'Alsace durant les années 1630.

Rentré à Strasbourg en 1641, il obtient non sans difficulté d'être admis dans la corporation des peintres sans produire le traditionnel chef-d'œuvre. Il remercie le magistrat de cette distinction en lui offrant un superbe tableau, qui sera détruit à l'hôtel de ville par l'émeute du 21 juillet 1789. Il se marie en 1646 avec la fille d'un orfèvre strasbourgeois très en vue, se trouve bientôt père d'une fille. On pourrait croire l'artiste rangé, si deux témoignages énigmatiques ne jetaient une ombre sur cette apparente réussite sociale, attestée par les dépôts importants qu'il fait au crédit de la Ville, le Pfennigturm. En 1647, lorsqu'il est question qu'il donne des leçons au fils de son principal mécène, le comte de Nassau-Idstein, longtemps réfugié à Strasbourg, le précepteur du garçon, il est vrai austère professeur de théologie, s'inquiète des discours et des comportements dont celui-ci pourrait être le témoin chez Stoskopff... Dix ans plus tard, alors que le même comte de Nassau-Idstein, rentré en[...]

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