SEBON ou SEBOND RAIMOND (mort en 1432)
Né à Barcelone, le théologien Sebon est mort à Toulouse où il professait la médecine et la théologie. L'œuvre qui le fit connaître, sa Théologie naturelle ou Livre des créatures (Theologia naturalis sive Liber creaturarum), publiée en latin en 1487 et traduite en français dès 1519, porte la trace de cette double orientation. Elle attire l'attention des humanistes probablement pour deux raisons qui peuvent nous paraître contradictoires ; elle expose, en effet, une méthode de pensée et de déduction purement rationnelle et empirique, c'est-à-dire celle-là même au nom de laquelle les humanistes ont entrepris leur « révolution culturelle ». Par cette méthode, Sebon tente de démontrer les vérités de la foi sans recourir à la Révélation. En fait les observations contenues dans la Théologie naturelle ne diffèrent pas essentiellement de thèses soutenues par des traités « athées ». Paradoxalement, Sebon s'appuie sur elles pour construire la théologie, comme en déduisant la seconde des premières. L'œuvre jouit d'un assez vif succès au xvie siècle, Montaigne en entreprend la traduction en 1569, à la demande son père (dit-il). Il rédige l'essai 12 du livre II en lui donnant pour titre « Apologie de Raimond Sebond ». Sous prétexte de défendre les idées de Sebon, Montaigne d'une part, utilise la méthode rationaliste exposée dans la Théologie naturelle, mais il l'emploie à des fins diamétralement opposées, puisqu'il cherche à établir la vanité de l'homme, de sa science, et même de sa raison, en invoquant pour terminer la nécessité de la grâce divine. En d'autres termes, Montaigne fait tomber la Théologie naturelle sous le coup de son propre paradoxe ; à une raison triomphante dans une Création faite pour elle, il substitue une raison imparfaite et impuissante à seulement connaître l'univers qui l'entoure. La raison naturelle ne peut, dès lors, rendre compte des vérités de la foi. Du double titre de Sebon, Théologie naturelle ou Livre des créatures, Montaigne choisit nettement le second.
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Écrit par
- Jean-Yves POUILLOUX : ancien élève de l'École normale supérieure de la rue d'Ulm, agrégé des lettres classiques, maître de conférences en littérature française à l'université de Paris-VII
Classification
Autres références
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MONTAIGNE MICHEL EYQUEM DE (1533-1592)
- Écrit par Fausta GARAVINI
- 8 226 mots
- 1 média
Cette attitude reçoit sa définition essentiellement dans le grand chapitre de l'Apologie de Raymond Sebond, défense prétendue du théologien catalan dont Montaigne avait traduit l'ouvrage (une tentative de démonstration rationnelle des vérités de la foi), et qui finit en réalité par mettre en pièces...