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SÉCESSION, mouvement artistique

Né tardivement par rapport à ses homologues européens, le style sécession, version autrichienne de l'Art nouveau, se cristallise autour d'une vingtaine d'artistes (J. Engelhart, J. Hoffmann, G. Klimt, M. Kurzweil, C. Moll, K. Moser, F. von Myrbach, J. Olbrich et A. Roller entre autres), qui unissent leurs forces contre le Künstlerhaus — vaste association d'artistes à caractère officiel, fief de l'historicisme et de l'éclectisme, au sein de laquelle les conservateurs sont majoritaires et entravent toute nouveauté, contrôlant notamment les rouages du marché de l'art. En 1897, les mécontents, groupés autour du peintre Gustav Klimt (1862-1918), fondent la Vereinigung bildender Künstler Sezession, association qui ne propose aucun programme artistique précis, mais dont les buts déclarés sont d'« arracher l'art au négoce », de susciter un intérêt pour l'art en même temps que d'élever le sens artistique des contemporains, et de favoriser des échanges entre l'art autrichien et les nouvelles tendances européennes. Pour ce faire, l'association va se donner une revue et organiser de nombreuses expositions.

<it>Le Baiser</it>, G. Klimt - crédits :  Bridgeman Images

Le Baiser, G. Klimt

Affiche de la première exposition de la Sécession, G. Klimt - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Affiche de la première exposition de la Sécession, G. Klimt

Ce sont essentiellement des peintres qui sont à l'origine de la nouvelle société ; mais, comme partout ailleurs en Europe autour des années 1890, l'aspiration wagnérienne à une unité dans l'art, au Gesamtkunstwerk, les a conduits à exercer leurs talents dans de multiples directions, et plus particulièrement dans le domaine des arts appliqués et des arts décoratifs ; c'est d'ailleurs exclusivement à ceux-ci que renvoie le concept de Sezessionsstil (style sécession). Il ne s'applique pas à la peinture, car il n'y a pas, autour de 1900, d'école viennoise de peinture à proprement parler. (Les peintres fondateurs de la « sécession » ne voulaient pas créer un nouvel art, comme ce fut le cas à Munich et à Berlin, ils visaient simplement à « un art de qualité ».) Le style sécession se caractérise dès le début par une conception géométrique et rectiligne de l'ornement, construit à base de carrés et de rectangles agencés selon un principe répétitif qui est à l'opposé de la notion de structure organique et symbolique — notion constitutive du concept de style Art nouveau. L'évolution vers le style Art nouveau s'est faite tardivement en Autriche, à un moment où ses formes « symboliques » sont déjà dépassées dans le reste de l'Europe : le style floral n'y a aucun succès, et certaines tendances hostiles à l'ornement commencent à se manifester, notamment en architecture, dès les années 1890. De fait, le style sécession ouvre déjà des perspectives sur le mouvement moderne du xxe siècle. Témoin la Haus der Wiener Sezession, bâtiment d'exposition conçu par Joseph Olbrich (1867-1908), en 1897-1898, comme un ensemble de volumes simples : des parallélépipèdes surmontés d'un dôme hémisphérique en fer forgé imitant les entrelacs d'un laurier, seul élément proprement Art nouveau de l'édifice. Les architectes sécessionnistes Olbrich et Josef Hoffmann (1870-1956) sont très vite parvenus à une simplification du style ; chez eux, l'ornement n'a plus de fonction structurelle ni organique ; utilisé avec parcimonie, il contribue surtout à mettre en valeur la surface et le matériau de la façade à laquelle il s'applique. Ce n'est guère que dans la décoration intérieure et dans les colonnes de Ver sacrum, l'organe du mouvement sécessionniste, qu'ils laissent libre cours à leur goût pour l'ornement. La revue Ver sacrum (« le printemps sacré »), conçue sur le modèle du Pan munichois, constitue le manifeste graphique le plus important de l'époque. Durant les six années de son existence (de 1898 à 1903), elle publie quelque 50 lithographies[...]

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Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'art à l'université Harvard

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Médias

<it>Le Baiser</it>, G. Klimt - crédits :  Bridgeman Images

Le Baiser, G. Klimt

Affiche de la première exposition de la Sécession, G. Klimt - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Affiche de la première exposition de la Sécession, G. Klimt

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Calendrier Fromme, K. Moser

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