EMPIRE SECOND (1852-1870)
L’Empire autoritaire : une période faste ?
« Fête impériale » et unanimité autour du régime ?
Durant l’Empire dit autoritaire, l’appareil d’État, la vie politique et même l’ensemble de la société sont muselés. Les décrets de 1852 ont étouffé la liberté d’expression. La répression et les commissions mixtes ont eu raison de la menace républicaine, à part quelques bastions en province, en particulier dans les grandes villes. Les légitimistes et les orléanistes, trop divisés et affaiblis, ne peuvent constituer une opposition sérieuse.
La première législature (1852-1857) est donc une période faste pour le régime. Elle coïncide en effet avec de grands succès diplomatiques qui sont autant d’occasions de réjouissances. L’Empire exalte aussi le souvenir napoléonien et met en scène la vie impériale. Dès 1852, un décret érige la Saint-Napoléon (15 août) en fête officielle. Destinée à légitimer le régime et à fédérer la population autour de l’Empire et de son souverain, cette célébration se place à la fois dans la continuité du premier Empire (naissance de Napoléon Ier) et de la monarchie (fête chrétienne de l’Assomption institutionnalisée par Louis XIII en 1638). En janvier 1853, le mariage de Napoléon III avec Eugénie de Montijo, comtesse de Teba, est l’occasion d’une grande liesse. Cette union puis la naissance du prince impérial le 16 mars 1856 ‒ dont le baptême est célébré en grande pompe le 14 juin 1856 ‒ assurent l’avenir de la dynastie et donc du régime.
L’ensemble de ces cérémonies, véritables opérations de relations publiques, contribue à l’image de « fête impériale » qui s’attache au second Empire (et qui devient prépondérante dès les années 1870), vision pour le moins réductrice, face à une action culturelle de grande ampleur qu’il s’agisse d’enseignement (lois de Victor Duruy dans les années 1860), de sciences (découvertes de savants de renom comme Claude Bernard et Louis Pasteur ou encore l’astronome Urbain Le Verrier) mais aussi d’art. Les « séries de Compiègne », organisées chaque automne, ou les « lundis de l’impératrice » contribuent également à la politique de prestige de l’Empire, de même que la pratique du thermalisme (Biarritz, Deauville, Plombières…), les parades militaires (notamment au retour des troupes de Crimée ou d’Italie), l’accueil de souverains étrangers ou encore les deux Expositions universelles (inspirées du modèle anglais de 1851 et auxquelles l’empereur accorde une nouvelle dimension artistique). Celle de 1855 est, politiquement, la plus réussie. Elle contribue à asseoir la légitimité d’un Napoléon III alors dynamique et ambitieux. En 1867, si Paris enregistre une affluence record et que l’on vient admirer la transformation de la capitale par Haussmann, la situation générale est moins favorable et le régime, trop fragilisé, ne peut en tirer réellement bénéfice.
Une politique de grands travaux et de modernisation économique
Les politiques de grands travaux ou de modernisation économique concernent l’ensemble de la période du second Empire. Mais c’est dès le début du règne que les enjeux et les objectifs sont définis et que l’impulsion est donnée par un État qui se veut le moteur bienveillant du progrès et de la croissance économique.
Grands travaux urbains et haussmannisation
Sous le second Empire, la métamorphose des villes ‒ non seulement Paris mais aussi les grandes villes de province ‒ est souvent résumée au phénomène dit de l’haussmannisation. Si cette expression a le mérite de mettre en valeur le rôle réel du baron Eugène Haussmann, préfet de la Seine de juin 1853 aux premiers jours de 1870, elle passe en revanche sous silence le fait que les transformations ne commencent pas avec lui et qu’il ne travaille pas seul. C’est en effet de l’empereur ‒ que la modernité de [...]
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Écrit par
- Stella ROLLET : docteure en histoire, chercheuse associée au Centre d'histoire culturelle des sociétés contemporaines de l'UVSQ/université Paris-Saclay
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