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SECTES

Les termes Église, confession, dénomination, secte appartiennent au langage ecclésiastique et théologique. En tant que tels, ils sont chargés de normativité.

D'abord utilisé de façon uniquement et sommairement péjorative et sans contenu précis dans le domaine religieux, le vocable « secte » a été souvent employé pour désigner soit un petit groupe qui a fait sécession d'un plus grand (l'étymologie supposée étant ici secare, « couper »), soit l'ensemble des disciples d'un maître hérétique (sequi, secutus, « suivre »). Dans les deux cas, on se trouve en face de désignations chargées de normativité et de mépris. Par contre, le vocable « Église » est, dans l'usage courant, toujours valorisant et toute secte (au sens sociologique) se veut Église (au sens théologique), taxant de secte (au sens vulgaire) les Églises qui ne répondent pas à son idéal. Les sociologues emploient ces deux termes de façon non normative pour désigner des structures sociales particulières.

— Jean SÉGUY

Entachée de tout temps d'un sens péjoratif, l'appellation secte constitue plus que jamais aujourd'hui dans le langage commun un terme profondément disqualifiant, qui renvoie aux formes de religiosité considérées comme socialement non légitimes. Dans le langage savant, au contraire, le terme désigne simplement, et de façon neutre, des groupes religieux à la fois nouveaux et minoritaires qui se démarquent des religions établies, voire s’y opposent, ou rejettent la société dans son ensemble. L'étude du rapport entre les sectes et la société doit donc intégrer, d'une part, l'évolution des nouveaux mouvements religieux et des formes de leur protestation, d'autre part, les conflits et les controverses qui font que certains groupes seront, dans une conjoncture donnée, considérés comme illégitimes voire dangereux pour l'individu ou l'ordre public.

Tentatives de définition

L'opposition Église/secte

Weber et Troeltsch

Max Weber a, le premier, tenté de donner un contenu sociologique aux vocables antithétiques d'Église et de secte. Pour lui, l'Église s'oppose à la secte comme une institution de salut à un groupe contractuel. Son ami le théologien allemand Ernst Troeltsch reprit et amplifia cette dichotomie, en l'enrichissant de son expérience de l'histoire chrétienne. Pour lui, l'Église est une institution sacerdotale et hiérarchique de salut, préexistant à ses membres, tirant sa légitimité de sa fondation et de la succession régulière de ses chefs ; elle ne s'oppose pas au monde, mais tend plutôt à valoriser et à régler la conduite de la société globale en avalisant la lex naturae dans sa relativité ; de cette attitude naît une dualité morale qui englobe et distingue (dans le catholicisme et l'orthodoxie) une voie de perfection (religieux, prêtres) et une voie suffisante au salut (laïcs). L'Église est liée aux États ou aux classes sociales gouvernantes. Cette vue de l'Église comme phénomène sociologique n'est pas une définition, mais un type idéal à la façon wébérienne, antithétique d'un autre type, celui de la secte. Dans la réalité, et de l'aveu de Weber comme de Troeltsch, aucun de ces types n'apparaît de façon pure.

De Niebuhr à Wach

La dichotomie secte-Église a été reprise par différents auteurs, qui ont tenté avec plus ou moins de bonheur de préciser les contours du type Église. Mais leurs efforts ont abouti à faire un élément de classification de ce qui n'était que type idéal. Une certaine confusion est alors apparue dans la recherche. H. Richard Niebuhr voit dans l'Église une institution à laquelle ses membres appartiennent par la naissance. Pour Gustav Mensching, elle est une « communauté nationale religieuse à laquelle on appartient par la naissance ». Elle est[...]

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Écrit par

  • : enseignant à l'université de Paris XII-Créteil-Val-de-Marne, membre du Groupe de sociologie des religions et de la laïcité
  • : docteur ès lettres et sciences humaines, maître de recherche au C.N.R.S., chargé de conférences à l'École des hautes études en sciences sociales

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Ron Hubbard - crédits : Chris Ware/ Hulton Archive/ Getty Images

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