Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

SÉCURITÉ ROUTIÈRE

Les facteurs de risque

Cinquante ans de recherche en sécurité routière tentent de proposer des pistes d'analyse. L'exposé didactique des différents facteurs de risque – selon qu'ils sont liés à l'individu, à la route, au véhicule ou aux conditions de circulation – présente toujours un aspect artificiel puisque c'est le plus souvent la conjonction de plusieurs facteurs qui provoque l'accident. Toutefois, ce type de présentation a la vertu de bien dissocier les facteurs et de faciliter l'analyse de leurs interactions.

Facteurs de risque liés à l'individu

L' accident n'est pas nécessairement la conséquence d'une prise de risque délibérée ou d'une violation des règles. Le conducteur peut également connaître une défaillance ou commettre des erreurs. L'individu peut prendre des risques ou bien ne perçoit ou n'interprète pas correctement les dangers, ou encore se trouve subitement dans une situation qu'il est incapable de maîtriser. Les études cliniques, expérimentales ou épidémiologiques, sur le risque routier des individus montrent que, parmi les principaux facteurs de risque, on identifie ceux qui sont liés à l'état du conducteur, à son expérience de conduite et à la difficulté de la tâche de conduite.

Ces facteurs sont soit reliés aux caractéristiques psychologiques, physiologiques ou sociales de l'individu (impulsivité, syndrome d'apnée du sommeil ou alcoolisation chronique, par exemple), soit à des caractéristiques qu'il présente de manière transitoire au moment de son déplacement (conduite après une fête de famille, retard sur l'horaire, plaisir de la vitesse, mauvaise maîtrise du véhicule...). Ces défaillances se manifestent soit par une dégradation de l'activité de conduite (affaiblissement de la capacité de maîtriser le véhicule, mauvaise prise d'information, mauvaise appréciation de la situation, mauvaise décision), soit par une prise de risque manifeste (surestimation par le conducteur de ses capacités).

Bien entendu, un accident ne survient pas à chaque défaillance de l'usager mais cette dernière augmente le risque d'accident sans le rendre certain. Dans quelques cas mesurables bien connus, la présence du facteur de risque multiplie considérablement le risque. Par exemple, un conducteur alcoolisé à deux grammes par litre de sang voit son risque d'implication en tant que responsable d'un accident mortel multiplié par 80 par rapport à un conducteur sobre. Et un conducteur sous influence de cannabis augmente ce même risque de 1,8 par rapport à un conducteur qui n'est pas sous influence de cette substance.

Facteurs de risque liés à l'infrastructure routière

Certains sites routiers ou certaines sections de voies sont considérés comme des « points noirs » (définis, en France, par le ministère en charge des Transports comme une zone de 850 mètres ou un carrefour ayant été le lieu, en cinq ans, d'au moins dix accidents ayant fait dix victimes graves). Ceux-ci présentent généralement un défaut de conception ou d'adéquation à la circulation, au regard de l'une des sept exigences de la sécurité : la visibilité, la lisibilité, l'adéquation aux contraintes de dynamique des véhicules, la possibilité d'évitement et de récupération d'une situation d'urgence, la limitation de la gravité des chocs, la cohérence de tous les éléments de la voie et de l'environnement, la gestion des flux en relation avec les aménagements de sécurité.

De nombreuses caractéristiques de la voirie peuvent entrer en contradiction avec ces exigences : qualité du revêtement de la chaussée, obstacles fixes sur les abords, courbure du virage, marquage au sol défectueux, surabondance ou manque de signalisation, travaux, largeur de la chaussée, terre-plein central, carrefours à niveau,[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : directeur de la politique Sécurité routière, Renault
  • : chargé de mission, direction des technologies automobiles avancées, Renault

Classification

Autres références

  • AUTOMOBILE - Conception

    • Écrit par , et
    • 10 562 mots
    • 7 médias
    Lasécurité intégrée concerne, d'une part, la sécurité passive, qui a pour objectif de protéger les occupants ou le piéton quand l'accident se produit, et, d'autre part, la sécurité active, qui consiste à éviter l'accident ou à réduire les vitesses d'impact. L'observation continue et sur une longue...
  • CITROËN 2 CV

    • Écrit par
    • 1 478 mots
    • 2 médias
    La succession de la 2 CV, véhicule devenu obsolète en termes de sécurité active et passive, a été très difficile à assumer comme l’atteste le semi-échec de la Dyane (1,4 million d’exemplaires vendus), lancée en 1968 et abandonnée en 1983. Plusieurs déclinaisons de carrosseries en berline et fourgonnette,...
  • INTELLIGENCE ARTIFICIELLE (IA)

    • Écrit par
    • 5 584 mots
    • 5 médias
    On a beaucoup glosé sur la question des voitures autonomes. L’expérience de pensée selon laquelle les ingénieurs qui programment une voiture devraient froidement choisir entre l’option d’écraser cinq jeunes gens insouciants traversant la rue au feu vert ou celle de sacrifier la vie du passager du véhicule...
  • MOTO

    • Écrit par
    • 3 588 mots
    • 3 médias
    ...japonais, c'est le début d'une course à la puissance, qui perdure de nos jours. Les motos deviennent de plus en plus puissantes et de plus en plus rapides. Débutent alors les grandes campagnes de sécurité routière, visant à ce que les motards se protègent au mieux (port du casque obligatoire, incitation...
  • Afficher les 8 références