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SEFER ḤASSIDIM

C'est l'œuvre la plus importante qui ait été produite dans le domaine de l'éthique individuelle et sociale par le judaïsme médiéval allemand. Il reflète les conceptions du mouvement des hassidim rhénans au xiie et au xiiie siècle. On connaît deux versions de l'ouvrage : l'une imprimée à Bologne en 1538 et l'autre découverte à Parme sous forme de manuscrit. Cette seconde version se réfère à un état de choses plus ancien. Le livre se présente comme une compilation de passages indépendants (simanim) rassemblés en groupes (mahbarot). La tradition en attribue la totalité à Rabbi Juda le Hassid de Regensburg (mort en 1217), le grand maître du hassidisme ashkénaze. Mais il semble que les deux premières mahbarot aient été rédigées par Rabbi Samuel ben Kalonymos, le père de Rabbi Juda. Il n'est pas impossible que certains passages aient été rédigés par Rabbi Eleazar de Worms.

À travers l'examen des problèmes que la vie quotidienne, laquelle prenait trop souvent l'aspect du tragique, posait aux Juifs allemands du temps des croisades, c'est toute l'existence individuelle et collective du Juif médiéval que rapporte le Sefer Hassidim. Le hassid, l'homme pieux, est d'abord celui qui sait supporter toutes les insultes sans broncher et sans faire blêmir le visage des autres. Il est aussi un ascète et renonce aux biens de ce monde, y compris aux joies les plus innocentes du monde profane. S'il a commis une faute, il s'impose des pénitences strictes qui sont codifiées dans des traités pénitentiels. Non seulement il observe scrupuleusement les préceptes, mais il va au-delà de ce qui est exigé par la lettre de la Loi (lephanim mescirat Ha-Din). Au-dessus de la halakah stricte, il reconnaît une norme supérieure de conduite : le Din ssomayin (la Loi céleste).

Ce modèle de comportement éthique s'insère dans une théologie de l'histoire. À partir de la faute d'Adam, les forces de l'histoire profane entrent en conflit avec le processus intérieur sacré. La chute a entraîné comme conséquence l'inégalité entre les riches et les pauvres ; la richesse est condamnable et les inégalités seront supprimées aux temps messianiques. La piété du hassid culmine dans la crainte et l'amour de Dieu, lesquels se confondent à leur niveau le plus élevé.

L'éthique du Sefer Hassidim marquera profondément pendant des siècles la halakah et le mode de vie du judaïsme ashkénaze et, même après le xixe siècle, l'éthique du judaïsme espagnol.

— Roland GOETSCHEL

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Écrit par

  • : professeur des Universités, directeur du département d'études hébraïques et juives de l'université de Strasbourg-II, professeur associé à l'Université libre de Bruxelles

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