MAROC SÉISME AU (2023)
La chaîne du Haut Atlas
Entre le Rif au nord, le Moyen Atlas au centre et le Haut Atlas au sud, le Maroc est une zone tectonique et sismique active, avec des taux de déformation plutôt lents. La chaîne de montagnes du Haut Atlas, dont plusieurs sommets atteignent les 4 000 mètres d’altitude, culmine au djebel Toubkal à 4 167 mètres, point le plus haut du Maroc et de toute l’Afrique du Nord. Comme les Alpes, les Pyrénées ou le Rif, le Haut Atlas est né du rapprochement (convergence) des plaques tectoniques africaine et eurasienne, qui a débuté il y a quelque 50 millions d’années (ère cénozoïque). Il se situe au nord de la plaque africaine, dans une zone de faiblesse entre deux blocs plus rigides : la meseta marocaine au nord et la plateforme saharienne au sud. Étirée et amincie à l’ère mésozoïque (251-65,5 Ma), cette zone de croûte terrestre est ensuite comprimée et raccourcie au cours de plusieurs phases à partir du Cénozoïque.
La convergence entre la plateforme saharienne et la meseta est très faible et encore mal quantifiée. Elle est néanmoins suffisante pour accumuler des contraintes sur les failles héritées de l’histoire tectonique et occasionner des séismes, comme ceux de février 1960 ou de septembre 2023. En revanche, parce que le taux de déformation est faible, la récurrence de ces séismes – définie par le temps écoulé entre deux événements de même magnitude dans un même lieu – se produit sur un rythme très lent, de l’ordre de plusieurs milliers d’années, ce qui explique certainement qu’on n’en ait pas gardé la mémoire. La mosquée almohade de Tinmel, édifiée au milieu du xiie siècle, abandonnée et maintes fois restaurée, a été presque complètement détruite par la catastrophe du 8 septembre 2023 ; elle nous informe qu’un séisme d’une telle ampleur n’a sans doute pas eu lieu dans cette zone depuis au moins neuf cents ans.
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Écrit par
- Jérôme VAN DER WOERD : sismologue, chargé de recherche au CNRS de Strasbourg
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Médias