MAROC SÉISME AU (2023)
Caractéristiques du séisme du 8 septembre 2023
L’hypocentre (ou foyer) du séisme du 8 septembre a été localisé à 80 kilomètres au sud-ouest de Marrakech, à 50 kilomètres à l’ouest du djebel Toubkal, et à environ 20 kilomètres de profondeur. Les données de type radar obtenues par le satellite Sentinel-1, qui est repassé au-dessus de la zone le 11 septembre, soit trois jours après la catastrophe, montrent comment la surface terrestre s’est déformée – sans trace de rupture localisée – lors de ce séisme profond, précisant le mouvement sur la faille. Associées au mécanisme au foyer du séisme, ces données suggèrent une compression dans la direction nord-sud sur une faille inverse à fort pendage vers le nord, provoquant le soulèvement de quelques centimètres du compartiment situé au nord de la faille. Avec les données sismologiques et les localisations des répliques, les informations dont on dispose indiquent que la faille ayant joué lors de ce séisme est probablement celle de Tizi N’Test (du nom du col où elle affleure), qui traverse en diagonale (du sud-ouest au nord-est) le Haut Atlas occidental, depuis son front sud (plaine du Souss) jusqu’à son front nord (plaine du Haouz). Si la faille de Tizi N’Test est connue pour être active – par la mise en évidence de mouvements ayant eu lieu il y a moins de 2 millions d’années –, rien ne permettait de prévoir l’occurrence d’un événement d’une telle magnitude, comme celui du 8 septembre 2023 : contrairement aux régions du nord du Maroc (Rif et mer d’Alboran), où la déformation est plus rapide (quelques mm/an) et soulignée par des séismes plus nombreux, le Haut Atlas est, rappelons-le, une région intraplaque de déformation lente (convergence inférieure à 1 mm/an). Cela remet en question l’idée d’une relation simple entre vitesse de déformation et magnitude des séismes. Si la communauté scientifique doit tout d’abord compléter, approfondir et valider les informations récoltées à la suite du séisme du 8 septembre, 2023 redéfinir l’aléa sismique le long de la chaîne du Haut Atlas s’impose comme un objectif plus général.
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Écrit par
- Jérôme VAN DER WOERD : sismologue, chargé de recherche au CNRS de Strasbourg
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Médias