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MESSINE SÉISME DE (1908)

Le 28 décembre 1908, à 5 heures 58, une brève secousse sismique éveille la ville de Messine au nord-ouest de la Sicile. Elle est suivie d'une autre d'une dizaine de secondes, puis d'une succession de secousses d'une durée de 30 à 40 secondes. Un tsunami en résulte, formant une vague d'une douzaine de mètres de hauteur, qui ravage tout le détroit de Messine. La ville sicilienne fut détruite à 98 p. 100 ; on dénombra 84 000 morts, soit plus de la moitié de la population. Le séisme a frappé dans un rayon de 200 kilomètres et dévasté une grande partie du sud-ouest de l'Italie. À Reggio de Calabre, ville de 34 000 habitants située sur l'autre rive du détroit de Messine, 25 000 personnes périrent. Lorsqu'on eut additionné le nombre de victimes des villages environnants, on constata que le séisme de ce 28 décembre avait tué environ 160 000 personnes. C'est le plus grave séisme connu d'Europe. Déjà, en 1783, une secousse tellurique avait frappé la région de Messine, faisant 60 000 victimes.

Le contexte géotectonique régional explique l'activité terrestre intense de cette région. Très globalement, à l'échelle de la Méditerranée, elle résulte de la confrontation tectonique de l'Afrique et de l'Europe. Au niveau de l'arc calabro-sicilien, la plaque africaine plonge (phénomène de subduction) sous la plaque eurasienne. Cet arc, qui se poursuit vers l'ouest au-dessus de Tunis à travers les Maghrébides (arc kabyle), traverse la Sicile immédiatement au sud de l'Etna : les monts Iblei au sud de la Sicile sont établis sur le socle continental africain, tandis que le nord de la Sicile est géodynamiquement européen. Vers l'est, l'arc calabro-sicilien contourne la Calabre dans le bassin ionien (croûte océanique) avant de remonter dans le golfe de Tarente et de traverser l'Italie continentale du sud-est vers le nord-ouest (Pouilles, Abruzzes). À l'aplomb de la subduction, la fusion de la plaque plongeante a donné naissance à un arc volcanique aux appareils sous-marins, insulaires ou continentaux : au nord dans la région de Rome (Aniata, Vulsini, Cimini, Sabatini, Albini...), plus au sud dans la région de Naples avec les champs Phlégréens, le Vésuve et les îles volcaniques au large (Ponza, Ventotene, Ischia...), plus au sud encore les îles Éoliennes, avec, notamment, le Stromboli, le Vulcano, les îles Lipari et Ustica... et, enfin, l'Etna, le plus au sud. La mer Tyrrhénienne apparaît donc comme un bassin marginal actif d'arrière arc. On pense que la croûte de ce bassin est de nature océanique (basaltes et gabbros) au niveau des monts sous-marins de Magnaghi, Vavilov et Marsili. Dans ce cadre géodynamique, l'activité volcanique et sismique est donc très intense et se manifeste régulièrement par des catastrophes naturelles majeures.

— Yves GAUTIER

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Écrit par

  • : docteur en sciences de la Terre, concepteur de la collection La Science au présent à la demande et sous la direction d'Encyclopædia Universalis, rédacteur en chef de 1997 à 2015

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