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TEIL SÉISME DU (2019)

Le territoire français métropolitain est relativement peu sismique. Les événements y générant des destructions importantes, et parfois même des victimes, sont rares, de l’ordre de quelques-uns par siècle si l'on se réfère aux éléments historiques à notre disposition. Le tremblement de terre survenu le 11 novembre 2019 en Ardèche, à proximité de la vallée du Rhône, est donc assez exceptionnel. Appelé séisme du Teil, il a provoqué des dégâts sur plusieurs centaines de constructions et fait quelques blessés. Plus de 1 000 personnes ont dû être temporairement relogées. Cet événement, très marquant pour la population, est aussi inhabituel par ses caractéristiques sismologiques – notamment sa magnitude et sa profondeur – qui conduisent à se poser des questions sur les mécanismes géophysiques responsables de son déclenchement. Les chercheurs impliqués dans la cellule post-sismique de l’INSU (Institut national des sciences de l’Univers) du CNRS, mise en place après tout séisme important, ont étudié ce tremblement de terre pour rassembler toutes les données et mesures permettant de mieux le comprendre. Les principales observations et conclusions sont résumées ci-dessous.

Cadre sismotectonique du séisme

Le 11 novembre 2019, à 11 h 52, la région de Montélimar, à cheval sur les départements de l'Ardèche et de la Drôme, est secouée par un violent tremblement de terre. Le réseau sismologique français évalue sa magnitude locale ML (ou magnitude de Richter, estimée à partir de l'amplitude des ondes de volume S et P) autour de 5,2. Il localise l'épicentre de ce séisme, à une dizaine de kilomètres à l'ouest de Montélimar, à proximité de la ville du Teil, avec un foyer (hypocentre) à très faible profondeur (1 à 3 km). La magnitude de moment MW, mesurant l'énergie mise en jeu par la rupture sismique, sera quant à elle estimée entre 4,8 et 4,9 par les sismologues. De nombreux dégâts sont constatés au Teil et dans les localités voisines. Ce séisme est ainsi l’un des plus forts des dernières décennies en France métropolitaine. Il faut remonter au tremblement de terre d'Épagny, près d'Annecy, en 1996 pour trouver un séisme comparable en termes de magnitude et de dommages.

L’événement est survenu dans une région modérément sismique de l’Hexagone, ce dernier étant relativement peu sujet aux tremblements de terre importants. Néanmoins, l'histoire sismologique de la moyenne vallée du Rhône est marquée, en juillet et août 1783, par une séquence de plusieurs tremblements de terre qui fit des dégâts importants à Châteauneuf-du-Rhône (Drôme) et en plusieurs localités voisines, dans la région du Tricastin, située entre 20 et 30 kilomètres au sud du Teil. Les deux chocs principaux de cette série (19 juillet, 8 août) semblent avoir eu des magnitudes équivalentes à celui du Teil.

D'un point de vue tectonique, le séisme du Teil s'est produit à la jonction entre le système de la faille des Cévennes (faisceau de failles orientées nord-est sud-ouest), s'étendant vers le sud-ouest de la vallée du Rhône à celle de l’Hérault sur plus de 150 kilomètres, et l'avant-chaîne plissée des Alpes située à l'est et au nord-est sur la rive gauche du Rhône. La faille rompue lors du séisme du 11 novembre, appelée faille de La Rouvière, fait partie de ce système des Cévennes qui a eu une histoire géologique longue et complexe s'étendant sur plusieurs dizaines de millions d'années. Une partie de cette « vieille » faille a alors rejoué en faille inverse, traduisant un raccourcissement tectonique et donc une compression nord-ouest/sud-est (perpendiculaire à la direction de la faille). Il est difficile de déterminer si cette faille était inactive depuis plusieurs millions d'années, ou peu active et générant donc des séismes très peu fréquents.[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche au CNRS, Institut de physique du globe de Paris

Classification

Médias

Séisme du Teil : interférométrie radar obtenue à partir des données prises par les satellites Sentinel de l’Agence spatiale européenne - crédits : Raphaël Grandin (IPGP)/ Sentinel-1/ ESA/ Copernicus, 2019

Séisme du Teil : interférométrie radar obtenue à partir des données prises par les satellites Sentinel de l’Agence spatiale européenne

Rupture de surface lors du séisme du Teil - crédits : Jean-François Ritz, Stéphane Baize, Matthieu Ferry; Christophe Larroque

Rupture de surface lors du séisme du Teil