ÉQUATEUR SÉISME EN (2016)
Les processus sismo-tectoniques en action
Si, à grande échelle et sur le long terme, les plaques se rapprochent de façon inexorable et progressive, le mouvement sur le méga-chevauchement de subduction lui-même est discontinu. En effet, la majorité des grandes failles sur la Terre ne glissent pas de façon régulière, mais lors d’événements sismiques brutaux. Entre ces épisodes sismiques, les failles sont bloquées et c’est le volume de roches de part et d’autre qui accumule les déplacements imposés par la tectonique des plaques en se déformant de façon élastique. On peut comparer ce phénomène à des blocs de caoutchouc, sorte de « ressorts » à l’échelle de la partie superficielle de la croûte terrestre (jusqu’à 30-40 km sous nos pieds dans le cas des failles de subduction), qui se déforment progressivement pendant des dizaines ou des centaines d’années. Un séisme se déclenche lorsque les forces accumulées dépassent le « seuil de rupture » sur la faille, ce qui libère par un glissement quasi instantané tout ou partie de l’énergie accumulée lentement par les « ressorts ». Depuis quelques décennies, ces phénomènes caractérisant le « cycle sismique » se mesurent avec précision grâce aux techniques de géodésie spatiale telles qu’un réseau dense de stations GPS.
Plusieurs études ont ainsi démontré que, dans l’ensemble, la déformation élastique s’accumule efficacement au-dessus de la subduction Nazca-Amérique du Sud avec peu ou pas de glissement asismique : on parle d’un fort couplage intersismique sur l’interface de subduction. C’est le cas du méga-chevauchement au large du Chili et du Sud péruvien, qui a été ponctué par toute une série de grands séismes au cours du xxe siècle et des précédents – dont le plus puissant connu, en 1960 au sud du Chili, de magnitude 9,5. Le schéma devient un peu plus compliqué vers le nord. Au nord-ouest du Pérou et au sud-ouest de l’Équateur, on détecte un faible couplage qui conduit à considérer que le risque de grande rupture sismique dans un futur proche y est peut-être moins préoccupant. La zone qui a rompu en 2016 au large du centre de l’Équateur est intermédiaire. On y trouve plusieurs zones très couplées entourées de zones relativement moins couplées. On retrouve enfin une grande zone fortement couplée au nord de l’Équateur et au sud de la Colombie.
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Écrit par
- Robin LACASSIN : directeur de recherche au CNRS, Institut de physique du globe de Paris
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Médias