TURQUIE ET SYRIE SÉISMES EN (2023)

Des séismes très destructeurs

Les résultats sismologiques montrent que l'accélération du sol due aux ondes sismiques a dépassé 0,5 g (où g est l'accélération due à la gravité) sur une large région au nord d'Antakya. Elle a même dépassé 1 g par endroit, ce qui est rarissime. Certaines données sismologiques suggèrent aussi que les ruptures des deux séismes se sont propagées ponctuellement à une vitesse dépassant celle des ondes sismiques de cisaillement, dites ondes S. C'est un phénomène assez rare, mais documenté depuis le début des années 2000 pour certains grands séismes décrochants (par exemple, le séisme de Kokoxili, d’une M_w de 7,8, dans le nord du plateau tibétain en 2001, ou celui de Denali, de magnitude 7,9, qui a eu lieu en Alaska en 2002). La rupture aurait ainsi dépassé par moment une sorte de « mur du son sismique », à même d'amplifier son caractère destructeur. Enfin, la complexité de la rupture du premier séisme, activant plusieurs segments de failles, avec des changements de direction et des points d'arrêt, aurait généré plusieurs ondes de choc secondaires. L'ensemble de ces caractéristiques sismologiques a probablement amplifié l’effet destructeur de ces deux grands séismes. À cela s'est ajoutée une vulnérabilité importante de nombreuses constructions, avec un respect très imparfait des normes parasismiques aggravé par la corruption et les problèmes politiques. L'ensemble de ces facteurs très pénalisants expliquent l'ampleur de la catastrophe qui a affecté une très large région en Turquie et en Syrie. Même si tous ces résultats scientifiques demandent à être approfondis, il faudra en tenir compte pour réévaluer les risques et les codes parasismiques, et organiser au mieux la reconstruction.