SÉISMES ET EXPLOITATION PÉTROLIÈRE
Par quel processus physique l'injection de fluides induit-elle des séismes ?
La majorité des failles géologiques actives ne « jouent » pas régulièrement, si ce n’est lors d’événements sismiques brutaux. Entre ces épisodes sismiques, les failles sont bloquées et c’est le volume des roches situées de part et d’autre qui accumule les déplacements imposés par la tectonique des plaques en se déformant de façon élastique, un peu comme des blocs de caoutchouc, à l'échelle de dizaines de kilomètres. Sur la faille, le champ de contrainte régional dû à la tectonique des plaques se décompose en une force (ou contrainte) cisaillante, c’est-à-dire parallèle à la faille et qui tend à la faire jouer, et une force « normale », c’est-à-dire perpendiculaire à la faille et qui tend à plaquer les deux compartiments l’un contre l’autre. Un séisme se déclenche lorsque la force cisaillante dépasse le seuil de rupture sur la faille, ce qui libère par un glissement quasi instantané l’énergie accumulée par les roches.
Avant le séisme, on peut considérer que les frottements sur la faille empêchent le glissement. L’injection artificielle de fluides sous pression dans le sous-sol agit sur la répartition des contraintes dans la croûte terrestre et contrebalance en partie la force normale à la faille, ce qui diminue les frottements et donc le seuil de rupture. Ainsi, une faille initialement proche du seuil de rupture – dont les roches de part et d’autre sont déjà très déformées – pourra rompre prématurément par rapport à ce qu’aurait été son évolution naturelle. Ces séismes induits sont donc des séismes naturels « avancés » de dizaines à des milliers d’années du fait de l’activité industrielle.
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Écrit par
- Robin LACASSIN : directeur de recherche au CNRS, Institut de physique du globe de Paris
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Médias