SÉISMES ET EXPLOITATION PÉTROLIÈRE
Prévoir et anticiper les séismes induits ?
Afin d’anticiper l’occurrence d’un séisme, il suffirait donc de surveiller les failles situées à proximité des puits d’injection. Cependant, en Oklahoma, la méconnaissance du réseau de failles pose une difficulté majeure, car il devient très hasardeux de prédire la magnitude maximale des séismes induits. En effet, celle-ci dépend avant tout de la longueur des failles disponibles pour produire des séismes. Le réseau de failles et leur géométrie étant mal connus, il est donc difficile de quantifier cette magnitude. Or, dans cette zone, des études géologiques ont révélé des indices de séismes préhistoriques importants. L’injection d’eau pourrait réactiver une des failles impliquées dans ces événements sismiques très anciens. Malheureusement, la très faible fréquence de ces séismes signifie qu’il est difficile de reconstituer leur trace et d’anticiper les failles susceptibles de rompre.
Si les phénomènes naturels qui fournissent le moteur de la sismicité dans le centre des États-Unis demeurent difficiles à comprendre, et encore plus difficiles à maîtriser, il n’en va pas de même pour ceux relevant de l’action de l’homme. La réduction, voire l’arrêt complet, des opérations d’injection à des fins de stockage par les compagnies pétrolières pourrait conduire à une diminution de la sismicité, et donc du risque associé. Mais cette décision relève de la sphère politique : le fait que le secteur pétrolier demeure l’un des premiers employeurs de l’État d’Oklahoma et soit très écouté par le gouvernement américain vient compliquer la prise de position des populations face à cette expérience de géophysique grandeur nature. La prise en compte d’une dimension humaine – industrielle, citoyenne, politique – dans la notion même d’aléa sismique ajoute encore davantage d’incertitude sur la prévention de la sismicité.
Cette crise américaine est révélatrice des processus affectant la sismicité intraplaque (au sein même des plaques tectoniques) qui est typique d'une partie de la France et du nord de l'Europe. Les séismes s'y produisent avec des temps de récurrence très longs, et leur répétition y est probablement influencée par des perturbations, qu’elles soient climatiques ou anthropiques, qui s'ajoutent et modulent les forces tectoniques.
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Écrit par
- Robin LACASSIN : directeur de recherche au CNRS, Institut de physique du globe de Paris
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Médias