SEIYŪKAI
Parti politique japonais, dont le nom complet est Rikken Seiyūkai, c'est-à-dire Association constitutionnaliste des amis de la politique (1900-1940). Fondée par Itō Hirobumi, la Seiyūkai est issue des mêmes origines que le Minseitō. Lorsque la tentative d'un gouvernement que soutenait le parti constitutionnaliste unique, animé par Ōkuma Shigenobu et Itagaki Taisuke, échoua en 1898, Itō conçut l'idée de former un groupe parlementaire apte à collaborer efficacement avec le pouvoir exécutif. Devant la vive hostilité de son ancien compagnon et actuel rival Yamagata Aritomo, il renonça provisoirement à son projet. Mais, inquiet des initiatives absolutistes à l'intérieur et expansionnistes à l'extérieur de Yamagata, devenu Premier ministre, il se résolut en 1900 à rassembler les éléments d'une nouvelle formation politique, parmi les élus de la Chambre des députés : le gros des adhésions vint du Kenseitō présidé par Itagaki et, avec les apports de divers groupes, la Seiyūkai, inaugurée le 25 août 1900, réunissait d'emblée à la Chambre la moitié des sièges. Itagaki se retira de la vie publique et les députés amis d'Ōkuma se trouvèrent dans l'opposition. Itō prit alors pour la quatrième fois le pouvoir, dans l'intention de faire démarrer un nouveau système de relations entre le gouvernement et la Chambre : au vrai, son but n'avait été que de constituer une association parlementaire à vocation gouvernementale. Néanmoins, pour ménager une certaine alternance du pouvoir, il céda sa place de Premier ministre, dès 1901, au général Katsura Tarō, disciple de Yamagata, qui constitua un cabinet de hauts fonctionnaires et qui attira, paradoxalement, les amis d'Ōkuma. Itō, par ailleurs, soucieux de se consacrer à la politique étrangère, abandonna la présidence de la Seiyūkai à Saionji Kimmochi qui, à cette occasion, démissionna de son poste de président du Conseil suprême secret. De 1901 à 1913, trois cabinets Katsura et deux cabinets Saionji furent au pouvoir alternativement. Après la mort tragique d'Itō en 1909 et la disparition de l'empereur Meiji trois ans plus tard, la Seiyūkai entrait dans une période de mutation. Soutenue pendant les dix premières années de son existence par un électorat de bourgeoisie surtout terrienne et traditionaliste, elle s'ouvrait peu à peu aux problèmes nouveaux de l'industrialisation et étendait son électorat dans la bourgeoisie nouvelle des villes. Il serait inexact de considérer les gouvernements Saionji comme des gouvernements de parti, puisque Saionji lui-même était venu de l'extérieur pour prendre la présidence de la Seiyūkai, et que la formation de celle-ci n'avait pas été à l'origine électorale mais conjoncturelle au sein de la Chambre des députés ; cependant, Saionji bénéficiait personnellement de la réputation partiellement justifiée d'être libéral, et la Seiyūkai fut amenée à s'orienter plus nettement vers un régime de démocratie parlementaire. C'est ainsi qu'en 1906 le premier cabinet Saionji permit l'existence officielle du Parti socialiste, ce qui ne s'était encore jamais vu au Japon, bien qu'un an après il l'interdît, devant l'opposition des traditionalistes et le renforcement de la tendance antiparlementariste parmi les socialistes. Par ailleurs, lorsque le deuxième cabinet Saionji fut renversé, en 1912, la Seiyūkai participa au mouvement dit de la défense de la Constitution. À partir de 1913, Saionji se retira de la vie de parti, et la Seiyūkai fut dirigée de fait par Hara Satoshi qui en devint le président en titre, en 1916. Le cabinet Hara (1918-1921) est souvent considéré comme le premier gouvernement de parti au Japon. Après l'assassinat de Hara, la Seiyūkai chercha sa voie dans des formules de démocratie parlementaire évolutive, mais[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Paul AKAMATSU : directeur de recherche au CNRS
Classification
Média
Autres références
-
HARA SATOSHI (1856-1921)
- Écrit par Paul AKAMATSU
- 1 181 mots
Homme d'État japonais. Appartenant à une famille de conseillers seigneuriaux du nord du Japon, Hara Satoshi fit tellement bien oublier ses origines nobiliaires par la suite qu'on l'appela « ministre issu du peuple ». Élève de l'École de droit, il interrompit ses études en 1879 pour devenir journaliste....
-
ITŌ HIROBUMI (1841-1909)
- Écrit par Paul AKAMATSU
- 1 275 mots
- 1 média
Fils d'un valet attaché aux armées seigneuriales de Chōshū, Itō Hirobumi ne fut reconnu comme officier qu'en 1863. Il fut disciple de Yoshide Shōin, qui fut l'éducateur de la plupart des réformateurs issus de Chōshū, des premières années de Meiji. Parti clandestinement faire des études à Londres...
-
JAPON (Le territoire et les hommes) - Histoire
- Écrit par Paul AKAMATSU , Vadime ELISSEEFF , Encyclopædia Universalis , Valérie NIQUET et Céline PAJON
- 44 405 mots
- 52 médias
Itō, soucieux de sauvegarder le rôle du Parlement, fonda lui-même en 1900 un parti, la Seiyūkai, en regroupant les députés de l'opposition ; Itagaki se retira de la scène politique, Ōkuma demeura dans l'opposition. Désormais, les gouvernements successifs durent composer avec la Seiyūkai, qui resta...