SELDJOUKIDES
Les Seldjoukides d'Anatolie
La dynastie des Seldjoukides d' Anatolie (ou d' Asie Mineure, ou de Roum) fut la plus longue et la plus brillante de toutes les dynasties seldjoukides. Fondée vers 1081, elle ne disparut que dans les premières années du xive siècle, mais en fait elle avait perdu la plus grande partie de sa puissance depuis l'invasion mongole en Anatolie au milieu du xiiie siècle. L'intérêt de cette dynastie réside aussi dans le fait qu'elle a favorisé, avec d'autres tribus, le peuplement turc de l'Asie Mineure au point que dès la fin du xiie siècle des chroniqueurs occidentaux donnaient à ce pays le nom de Turchia.
La pénétration turque a été facilitée par la défaite des Byzantins à Mantzikert en 1071 et par les luttes des prétendants au trône du basileus qui, de 1071 à 1081, ont fait appel à des mercenaires turcs pour s'emparer du pouvoir. Lorsque, en 1081, Alexis Comnène l'emporta, il assura en même temps à Suleyman b. Koutloumoush, qui lui avait apporté son aide militaire, l'établissement des siens dans une zone s'étendant de Nicée à Konya, tandis que d'autres Turcs, les Danishmendides, s'installaient dans le triangle Amasya-Sivas-Kayseri. Suleyman sut s'attirer la sympathie de la population, mais dans les campagnes celle-ci était parfois aux prises avec des bandes turcomanes qui avaient accompagné vers l'ouest les migrations turques. Suleyman avait des vues sur l'Orient et s'était déclaré indépendant du sultan grand-seldjoukide, mais ses tentatives de pénétration en Syrie du Nord échouèrent et il y trouva la mort (1086) ; son embryon d'État connut alors une phase d'effacement. Les années suivantes furent marquées par la suprématie grandissante des Danishmendides, jusqu'au milieu du xiie siècle, et par l'arrivée des croisés de la première croisade, qui, en 1097, triomphèrent des Turcs et les repoussèrent vers le plateau central, au bénéfice des Byzantins qui réoccupèrent l'Asie Mineure occidentale. Mais contre la seconde vague de croisés, en 1101, Seldjoukides et Danishmendides s'allièrent et interdirent tout passage à travers l'Anatolie ; il devait en être de même quarante ans plus tard pour la deuxième croisade.
Dans la seconde moitié du xiie siècle, le Seldjoukide Kilidj-Arslan II a éliminé les Danishmendides et arrêté toute tentative de reconquête byzantine grâce à sa victoire de Myriokephalon (nov. 1176). Ainsi, peu à peu, s'est consolidé cet État seldjoukide dont la capitale était Konya et qui dominait tout le plateau anatolien ; au début du xiiie siècle, Kaykhosraw Ier, puis Kayka'ous Ier et enfin Kayqobad Ier l'ont conduit à son apogée territoriale et politique : de Sinope sur la mer Noire à Antalya et Alanya sur la Méditerranée, du rebord du plateau anatolien à l'ouest, au cœur de l'Arménie à l'est, le sultan seldjoukide est un souverain incontesté ; de plus, la paix qui s'est étendue sur l'Anatolie a favorisé les activités commerciales, et la prospérité a permis la construction d'importants édifices civils et religieux.
Mais, à la mort de Kayqobad (1237), des querelles intestines éclatèrent entre ses héritiers, puis une révolte à caractère social et religieux se répandit parmi les Turcomans, et enfin surgit le danger extérieur : les Mongols d'Iran pénétrèrent en Anatolie orientale ; à la bataille de Kösé Dagh (26 juin 1243), l'armée seldjoukide fut écrasée et dès lors le sultanat d'Anatolie connut une agonie de soixante ans ; tantôt uni, tantôt divisé, il subit la pression des Mongols contre lesquels un vizir, Mou'in ad-din Pervané, essaya un moment de reconstituer un État unifié et solide (1265-1277) ; son exécution sonna le glas du pouvoir seldjoukide, car les tribus turcomanes établies sur le pourtour du sultanat et les émirs locaux[...]
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Écrit par
- Robert MANTRAN : membre de l'Institut, professeur émérite à l'université de Provence-Aix-Marseille-I
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Médias
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