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SÉLEUCIDES

Le royaume séleucide à son apogée

Les Anciens n'usaient pas de l'expression « royaume séleucide » et parlaient seulement de la «  royauté d'Antiochos » ou de tel roi. L'expression « roi de Syrie » n'a de sens qu'au iie siècle, quand les Séleucides eurent perdu leurs autres possessions. Il n'en reste pas moins que la Syrie a été le centre de la monarchie depuis qu'Antiochos Ier avait fondé Antioche sur l'Oronte en 300.

Pour les indigènes, le roi doit son pouvoir à la conquête. Pour les Grecs, il est le maître grâce à son arétè (vertu). Il paie de sa personne, et, sur les quatorze premiers rois, dix moururent en campagne. Une légitimité dynastique s'établit pourtant : lors de la révolte d'Achaios, les soldats refusent de marcher contre Antiochos. Cependant, le roi peut modifier l'ordre de succession par primogéniture : en 246, on discutait la réalité du revirement d'Antiochos II en faveur du fils issu de son premier mariage, et non la préférence accordée au fils de Bérénice. Séleucos Ier avait bien défini l'absolutisme royal en déclarant : « Ce que le roi décide est toujours juste. »

La monarchie puisait un surcroît d'autorité dans le culte royal. Séleucos Ier était censé descendre d'Apollon. Les cités rendirent tôt un culte aux rois, dont les surnoms ont une valeur religieuse : Nicator (épiclèse de Zeus), Théos... Ce fut Antiochos III qui organisa le culte sous une forme dynastique dans tout le royaume, comme le prouvent les inscriptions d'Eriza (en Phrygie), de Néhavend et de Kermanchah (en Médie) : un culte de la reine Laodice est adjoint au culte du roi et des ancêtres, célébré par des grands prêtres qui sont des personnages de haut rang.

La cour, brillante, comporte un nombreux personnel, mal connu à l'exception du « préposé aux affaires », sorte de vizir.

La variété géographique et ethnique du royaume imposa le maintien de la division perse en satrapies. À côté du satrape, un stratège exerçait le pouvoir militaire (sauf dans les satrapies orientales où le satrape conserve tous les pouvoirs). Sous Antiochos III, une réforme remit au stratège les pouvoirs civil et militaire, cependant qu'un « préposé aux revenus » s'occupe des finances.

Tout le territoire n'est cependant pas soumis de la même façon à l'autorité royale. On distingue deux grandes catégories : la chôra a le roi pour souverain et pour propriétaire ; ce domaine royal est exploité par des basilikoi laoi (serfs royaux), qui dépendent du roi sans être attachés individuellement à la terre, car seule la communauté à laquelle ils appartiennent a des obligations précises. Le roi peut aussi accorder des terres en don (doréai), ce qui entraîne une certaine féodalisation, encore que ces doréai restent officiellement dans la dépendance du roi.

Par la symmachia (alliance) le roi, tout en prescrivant des obligations, accorde des libertés à des rois, des dynastes, des peuples, des sanctuaires, des cités. C'est là que se révèle l'hétérogénéité du royaume. Les rois et les dynastes ont une attitude très variable. Les peuples (éthnè) présentent des formes d'organisation diverses, comme en Judée, où le grand prêtre devint un véritable monarque. Les principautés sacerdotales sont particulièrement nombreuses en Asie Mineure et en Syrie. Mais le trait le plus original fut la multiplication des cités.

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  • : membre de l'Institut, professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne

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