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SÉLEUCIDES

La fin des Séleucides

Maître de la Cœlé-Syrie depuis 198, Antiochos III voulut arracher encore au royaume ptolémaïque les possessions qu'il gardait sur les côtes d'Asie Mineure. Ce faisant, il inquiète Rhodes et surtout Pergame dont les plaintes alarment Rome, quand celle-ci apprend qu'Antiochos est passé en Europe pour soumettre la Thrace et qu'il a accueilli Hannibal fugitif. Les exigences de Rome sont inconciliables avec les prétentions d'Antiochos, et la guerre éclate en 192. Mollement menée par Antiochos qui n'avait aucune visée en Occident, elle trouve son dénouement à la bataille de Magnésie du Sipyle (189) que remportent les Scipions. Au traité d'Apamée (188), Antiochos III abandonne toute l'Asie en deçà du Taurus, que Rome répartit aussitôt entre Rhodes et surtout le royaume de Pergame. En 187, Antiochos III disparaît misérablement dans une embuscade en Susiane où il venait de piller un temple.

Séleucos IV (187-175), au règne terne et mal connu, eut pour successeur son frère, Antiochos IV Épiphane (175-164) qui, étrange et fantasque, subit l'influence de Rome où il fut envoyé en otage. Il reste pourtant un Grec, et toute sa politique se présente comme une « défense et promotion de l'hellénisme ». Ce faisant, il se heurte à la résistance des Juifs, dirigés par la famille des Maccabées ; en 167 commença une guerre inexpiable qui conduisit à l'émancipation de la Judée en 104.

Antiochos IV ne fut pas plus heureux à l'extérieur. Il allait remporter la sixième guerre de Syrie (169-168), lorsque Rome, déjà victorieuse de la Macédoine, lui enjoignit par un brutal ultimatum d'évacuer sa conquête.

Désormais soumise à la volonté de Rome, la dynastie séleucide connaît encore un siècle d'une existence misérable ; partagée entre deux branches rivales d'une égale médiocrité, elle s'entre-déchire en d'affreux drames familiaux pour la possession d'un royaume sans cesse plus réduit et plus faible. Après la Judée, c'est au tour des cités de Syrie de se liguer contre le pouvoir royal, tandis que les Parthes, conduits par Mithridate Ier (171-138), s'emparent de la Médie, de la Perside et même de la Babylonie (140). De cet immense empire il ne reste plus que la Syrie, qui est conquise en 83 par le roi d'Arménie Tigrane. Entraîné contre Rome par son beau-père Mithridate, il partage sa défaite. En 64, Pompée pénètre en Syrie ; sourd aux prières d'Antiochos XIII, il la réduit en province.

Ce dénouement était depuis longtemps prévisible. Cependant, il reste au mérite des Séleucides d'avoir, durant deux cent cinquante ans, assumé le destin d'une grande part de l'Asie en propageant l'hellénisme et en favorisant les contacts avec l'Orient. Rome recueillit cet héritage.

— André LARONDE

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  • : membre de l'Institut, professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne

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