SÉLINONTE
L'un des hauts lieux de l'implantation grecque en Sicile, l'acropole de Sélinonte fut fondée vers le milieu ou dans la seconde moitié du ~ viie siècle par les gens de Mégara Hyblaea, trop à l'étroit dans leur plaine côtière et trop enserrés par Syracuse et Léontinoi pour pouvoir se dégager. Le site domine la mer par un plateau allongé du nord au sud entre deux dépressions qu'emprunte le cours des deux fleuves, Cotone et Sélinos. La ville s'étendait vers le nord, et, à l'est, une autre colline fut couronnée au cours du ~ vie siècle par trois temples dont les ruines attestent l'ampleur des proportions et la qualité du style.
Sélinonte, la dernière des grandes cités grecques, dressée en face du monde punique, connut très vite une magnifique prospérité et prit un développement dont l'architecture et les sculptures attestent la qualité et l'originalité. Dès le début du ~ vie siècle, un plan de rues et de constructions fut imposé à l'acropole et sans doute aussi aux deux autres régions du site, plan caractérisé par l'ampleur des proportions, le goût du monumental et l'abondance des ressources. Les temples C, vers ~ 540, et D succèdent à des édifices plus anciens dont le décor sculpté, fait de métopes (exposées au musée archéologique de Palerme), permet d'évoquer la personnalité des dieux et les thèmes légendaires qui ont inspiré ces œuvres. Citons encore le temple d'Apollon (G), commencé vers ~ 520 et dont on ignore s'il fut achevé, aux proportions considérables (110,12 m × 50,07 m), et le temple d'Héra (E) consacré peu avant le milieu du ~ ve siècle.
La position comme la richesse de Sélinonte l'exposaient aux convoitises et aux attaques des Carthaginois. Elle subit les coups les plus violents à la fin du ~ ve siècle, fut pratiquement rasée en ~ 409-~ 408 et définitivement soumise dix ans plus tard. C'est alors qu'une véritable ville punique succède à la cité grecque et s'implante dans le cadre qui avait été précédemment dessiné (des sanctuaires puniques à salles voûtées juxtaposées ont été identifiés ainsi qu'un habitat de type carthaginois : une petite cour rarement entourée d'un péristyle, recouvrant une citerne). Son déclin est marqué par la conquête romaine qui néglige ce site et le laisse à un grandiose abandon d'où il ne sortit qu'avec l'exploration archéologique.
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Écrit par
- Roland MARTIN : membre de l'Institut
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