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SEMANG

Nom donné, au début du xixe siècle, aux Négritos de la péninsule malaise qui sont aujourd'hui appelés Menik, Meni ou Mendi ; en Thaïlande, on les appelle Ngok ; ils vivent au pied des collines de la jungle malaise. L'appartenance linguistique des Semang est assez incertaine : ils ont été affiliés aux Senoi (Mon-Khmer) et ont emprunté des mots malais. Au début du xxie siècle, leur population est estimée à moins de 4 000 personnes, dont une centaine en Thaïlande.

Mélangés aux populations majoritaires, les Semang pratiquent le commerce d'échange et le troc, échangeant leur gibier et différents produits de la brousse contre du sel, du fer, des cordes, des outils. Essentiellement nomades, ils restent cependant fidèles à une aire territoriale définie : pour de longs séjours, ils se contentent de construire des abris de branchages sommaires ou d'excavations naturelles. Les Semang vivent de la cueillette (racines, tubercules ramassés par les femmes) et de la chasse ; une agriculture élémentaire leur sert d'appoint (sucre de canne, patates douces, bananes, gourdes). Le chien, seul animal domestique, les aide à chasser le petit gibier. Les hommes s'occupent de la chasse, de la fabrication des armes ; les femmes de la construction des abris, de la cueillette, de la cuisine.

La filiation est patrilinéaire et patrilocale, mais garde cependant certaines traces de filiation matrilinéaire et matrilocale ; les relations sexuelles prémaritales sont autorisées, mais doivent s'inscrire dans les perspectives exogamiques du groupe ; la polygamie est acceptée. L'organisation socio-politique est très floue : le chef du groupe semang est l'homme le plus âgé, et le chamane (hala) joue un rôle déterminant. Les mythes et légendes des esprits de la jungle et des éléments naturels sont souvent anthropomorphisés (orang hidoh) dans la religion semang : parmi les plus célèbres, Karei (le tonnerre) et Tales (le buffle). Les hala initient leurs propres successeurs, parlent un dialecte sacré (cenoi) et jouent le rôle de medicine man ; à sa mort, le hala se réincarne dans le corps d'un tigre, et son corps est exposé dans un arbre. Les morts sont enterrés dans des tombes-niches ; l'âme quitte le corps après trois jours et se dirige vers le lieu bienheureux.

— Yvan BARBÉ

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  • POLITIQUE - Le pouvoir politique

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    ...ne passe pas par l'intermédiaire d'une personne, d'un groupe ou d'une institution. Ainsi, l'ethnographe P. Schebesta montre comment, dans une bande de Semang de la forêt malaise, la décision de déplacer le camp est prise au cours d'une discussion générale qui peut durer des heures : chacun donne, de...