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SÉMIRAMIS, reine légendaire d'Assyrie

Figure de l'histoire mésopotamienne passée dans la légende. Diverses traditions ont circulé au sujet de Sémiramis en Orient et ont été rapportées par des auteurs grecs comme Diodore de Sicile et Ctésias de Cnide.

On la fait remonter à une antiquité fabuleuse. C'est ainsi que Philon de Byblos qui, dans la seconde moitié du ier siècle, rédige la version grecque d'une Histoire phénicienne, place Sanchuniathon, auteur de la source qu'il affirme traduire, à une époque antérieure à la guerre de Troie et en fait un contemporain de Moïse et de Sémiramis.

Sémiramis serait née en domaine cananéen de l'union d'un mortel et de la déesse Derketô. En réalité, il s'agit là d'une généalogie artificielle. Sémiramis et Derketô ne sont que deux aspects de la « déesse syrienne » Atargatis qui, à l'époque hellénistique, était elle-même un avatar de la déesse ‘Anat des textes de Ras Shamra. Exposée à sa naissance, Sémiramis fut nourrie par des colombes jusqu'à ce que le berger Simas l'eût recueillie. Oannès, qui gouvernait la Syrie pour Ninus, roi de l'empire ninivite, l'épousa et l'emmena avec lui dans une expédition contre la Bactriane au cours de laquelle elle manifesta une bravoure et un sens stratégique qui la firent remarquer de Ninus lui-même. Il l'enleva à son mari et l'associa au trône. Il mourut bientôt, et Sémiramis resta seule maîtresse de son immense empire qu'elle ne cessa d'agrandir encore et d'organiser. Elle fonda Babylone — mais Bérose nie ce point — selon un plan supérieur à celui selon lequel avait été bâtie Ninive, y fit exécuter de grandioses travaux de fortification et d'urbanisme, dont les fameux jardins suspendus. D'autres cités encore, telles qu'Ecbatane en Médie, Sémiramocarta sur le lac de Van, Tarse en Cilicie, lui durent leur existence. Elle ouvrit partout des routes, irrigua les terres stériles. Son activité conquérante la rendit maîtresse de l'Égypte et de l'Éthiopie, mais elle fut arrêtée et vaincue sur l'Indus par les éléphants du roi Stratobatès. Dès lors, elle ne quitta plus ses États. Son fils Ninyas conspira contre elle ; ce qu'ayant appris, Sémiramis abdiqua au terme d'un règne de quarante-deux ans et fut, à sa mort, métamorphosée en colombe.

Les historiens modernes ont longtemps pensé que Sémiramis n'appartenait pas à l'humanité. En fait, la figure que nous venons d'esquisser est la projection légendaire, voire mythique, d'une reine historique. Il s'agit presque sûrement de Sammouramat, épouse du roi d'Assyrie Shamshi-Adad V (~ 823-~ 810), qui exerça la régence du royaume de ~ 810 à ~ 805, durant la minorité de son fils Adad-Nirari III. Elle semble avoir conservé d'importants pouvoirs par la suite.

Le cas de Sammouramat fournit une illustration intéressante du statut et du rôle de la reine à la cour d'Assyrie. Le titre de reine était réservé aux déesses, ou aux femmes qui, comme chez les Arabes, exerçaient réellement le pouvoir royal. L'épouse principale du roi d'Assyrie était désignée par la périphrase « Celle du Palais ». Elle vivait confinée au harem avec les concubines, sous la garde d'eunuques et soumise à une stricte étiquette. Toutefois, comme nous l'apprennent des documents épistolaires de la fin du royaume assyrien, il arrivait que l'épouse ou la mère du roi jouât un rôle politique important. Ce détail fait penser à la position de la « reine mère » dans les documents hittites ou à celle de la Gebîra ou Grande Dame, titre de dignité de la mère, parfois de la grand-mère, du roi de Juda. Certains assyriologues ont été amenés par cette constatation à supposer que le privilège auquel la princesse babylonienne Sammouramat dut d'exercer le pouvoir royal était, à la cour d'Assyrie,[...]

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    ...palais et simples servantes, fait l'objet d'une réglementation minutieuse. À basse époque, des reines ont joué un rôle politique important, Sammouramat ( Sémiramis) comme veuve-régente, au ixe siècle ; Naqi'a, épouse de Sennachérib, en inspirant à deux reprises le choix du prince héritier. La correspondance...