SENDAI
Situé à 300 kilomètres au nord de Tōkyō, Sendai est la métropole régionale du Japon du Nord-Est (Tōhoku) et le chef-lieu du département de Miyagi. C’est la douzième ville du Japon, avec 1,08 million d’habitants en 2017.
La présence japonaise dans cette région se confirme après le xiie siècle, avec la conquête de territoires alors occupés par les tribus aïnous, repoussées toujours plus au nord. L’essor véritable de la ville de Sendai date de l’époque prémoderne, lorsque le seigneur Date Masamune prend la maîtrise de la province en 1601, sous l’ordre du shōgun Tokugawa Ieyasu. Date entreprend de grands travaux, à commencer par ceux de la forteresse située sur les hauteurs de l’actuel arrondissement d’Aoba. La ville de Sendai se développe en contrebas, autour des méandres de la rivière Hirose. La plaine, qui s’ouvre sur la mer, est mise en riziculture, grâce à d’importants travaux d’assèchement et de canalisation, dont le canal Teizan, qui longe le littoral de la baie de Sendai sur 60 kilomètres.
Pendant la période d’Edo (1603-1868), Sendai est à la tête d’un des fiefs les plus riches de l’archipel. Relié à la capitale par la route terrestre du Tōsandō, son port, Ishinomaki, est le principal accès par la mer à la façade nord-est du Japon pour le transit des marchandises. Sendai bénéficie également de la renommée de la baie de Matsushima, située à une vingtaine de kilomètres au nord-est de la ville. Avec ses myriades d’îlots de tuf volcanique blanc, modelés par l’érosion et couvert de pins maritimes, celle-ci est célébrée par Matsuo Bashō, le grand compositeur de haïkus du xviie siècle. Répertorié alors comme l’un des trois paysages célèbres du Japon (les sankei), le site assure à la ville une manne touristique qui se poursuit aujourd’hui.
Après la restauration Meiji (1868), Sendai devient une ville de garnison et connaît un nouvel essor démographique. Elle est reliée à Tōkyō en 1889 par la ligne de chemin de fer du Tōhoku, dont le tracé marque alors la limite est de la ville. Au-delà s’étendent terrains militaires et rizières, rejoints au début du xxe siècle par les quartiers industriels. Sendai devient aussi une ville universitaire rayonnant sur tout le nord du Japon, avec la fondation de l’université impériale du Tōhoku en 1907.
Lors du bombardement américain du 10 juillet 1945, la moitié de la ville est rasée, en particulier les plus vieux quartiers et les bâtiments de la fin du xixe siècle, dont quasiment plus aucun ne subsiste. Sendai est donc une ville presque neuve, dont le paysage résulte essentiellement de l’urbanisme de l’après-guerre et de la haute croissance économique (1955-1973), qui succède à la reconstruction. Le centre-ville se déplace dans le quartier de la gare centrale, où se concentrent les fonctions tertiaires, dont les succursales des grandes entreprises japonaises pour le Tōhoku. Les quartiers résidentiels pour cols blancs colonisent les collines au nord et à l’ouest dans les arrondissements verdoyants d’Izumi et Aoba, alors qu’à l’est la première périphérie industrielle est transformée en quartiers d’habitations plus populaires. Cette banlieue s’étend dans l’axe des routes nationales qui relient la ville à son nouveau port industriel. Ouvert en 1964, c’est autour de celui-ci que se développent les industries de la haute croissance : pétrochimie, énergie, construction et logistique.
Les années 1980 voient le renforcement du secteur tertiaire, premier employeur de la ville. Sendai est desservie par le Shinkansen en 1982 ; elle devient une ville « désignée » (ou ville d’ordonnance gouvernementale) en 1989 et dépasse le million d’habitants en 1999. Elle se tourne alors de plus en plus vers l’international, en valorisant son statut de ville universitaire et scientifique. Sendai axe également sa notoriété sur la qualité de la vie, soutenue par[...]
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Écrit par
- Rémi SCOCCIMARRO : docteur en géographie, maître de conférences en langues et civilisations étrangères
Classification
Média