SÉNÉGAL
Nom officiel | République du Sénégal (SN) |
Chef de l'État | Bassirou Diomaye Faye (depuis le 2 avril 2024) |
Chef du gouvernement | Ousmane Sonko (depuis le 8 avril 2024) |
Capitale | Dakar |
Langue officielle | Français |
Unité monétaire | Franc CFA |
Population (estim.) |
18 504 000 (2024) |
Superficie |
196 712 km²
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Histoire
La Sénégambie entre Soudan et Sahara
Une partie de l'historiographie sénégalaise, dans la lignée de l'intellectuel Cheikh Anta Diop, assure que les peuples de l'espace dessiné par les fleuves Gambie et Sénégal (la « Sénégambie ») trouvent leur origine culturelle, linguistique et raciale dans l'Égypte pharaonique, mais les données empiriques qui confirment cette hypothèse sont bien faibles – et la dimension idéologique de cette historiographie est évidente. On sait que le territoire correspondant aujourd'hui au Sénégal connaissait, à l'époque préhistorique, une situation climatique et hydrographique plus clémente qu'actuellement. La présence de l'homme est attestée dès le Paléolithique, en particulier sur la côte. Depuis le Néolithique, l'occupation humaine est importante et continue : des amas coquilliers, des mégalithes et des tumulus témoignent de la présence de populations d'agriculteurs et de pêcheurs. La désertification progressive du Sahara, à partir de 2500 avant J.-C., a entraîné un exode des éleveurs vers le sud. Une agriculture s'est développée autour du mil et du sorgho. Entre 2000 et 1000 avant J.-C., une métallurgie du fer et du cuivre est apparue.
Hormis la tradition orale, particulièrement importante autour de l'empire du Mali (xie-xviie s.), les sources pour l'étude de l'histoire ancienne sont rares – l'islamisation est à l'origine des premières sources écrites. L'espace sénégambien précolonial est formé au croisement de l'influence des royaumes soudanais (Mali et Niger actuels) et des flux suscités par les relations transsahariennes. Ces dernières semblent anciennes, mais elles se sont beaucoup développées avec l'introduction du chameau, du iie au ve siècle, puis avec l'apparition de l'islam, à partir du viiie siècle. En relation avec les confréries soufies d'Afrique du Nord, une classe de commerçants et de lettrés musulmans se forme ; sans prendre le pouvoir, elle se met au service des structures politiques établies, chefferies et royaumes. Cette première islamisation reste donc très inégale, en « archipel ». L'expansion du commerce transsaharien favorise la formation d'unités politiques plus larges : le contrôle des nœuds commerciaux et de certaines filières de production et d'exportation semble être un élément moteur dans la construction des unités politiques qui vont se succéder jusqu'au xvie siècle. Dans ce commerce transsaharien, les royaumes africains acquièrent du sel, des cauris, des armes et des chevaux en échange d'or, d'esclaves et d'ivoire.
L'empire du Ghāna, centré sur l'actuel Mali, est la première de ces unités connues ; attesté par les géographes arabes dès le viiie siècle, cet empire incorpore une partie de la vallée du fleuve Sénégal. Il succombe au xie siècle, sous la double pression des nomades almoravides venus du Maroc et de transformations climatiques. Le royaume du Tekrour, dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal, se convertit à l'islam sous la houlette du roi War Jabi, au xie siècle. À partir du xiiie siècle, toujours en lien avec le contrôle des échanges économiques internationaux, l'empire du Mali, qui incorpore l'est du Sénégal actuel, dont le Tekrour, prend son essor. Mais il est progressivement vaincu par l'empire songhaï, qui atteint son apogée au xvie siècle, avant d'être détruit par une invasion marocaine. Les marges sénégambiennes des empires soudanais s'autonomisent alors. Dans la zone côtière et dans le centre du Sénégal actuel, à partir du xive siècle, Ndiadiane Ndiaye constitue le Djolof, royaume de langue wolof qui incorpore aussi les royaumes serer du Sine et du Saloum. En 1549, le Djolof se désagrège et les provinces du Cayor, du Walo, du Baol[...]
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Écrit par
- François BOST : agrégé de géographie, maître de conférences à l'université Paris-X-Nanterre
- Vincent FOUCHER : docteur en science politique, analyste à l'International Crisis Group
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
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