SÉNÉGAL
Nom officiel | République du Sénégal (SN) |
Chef de l'État | Bassirou Diomaye Faye (depuis le 2 avril 2024) |
Chef du gouvernement | Ousmane Sonko (depuis le 8 avril 2024) |
Capitale | Dakar |
Langue officielle | Français |
Unité monétaire | Franc CFA |
Population (estim.) |
18 504 000 (2024) |
Superficie |
196 712 km²
|
Le Sénégal depuis l'indépendance
L'hégémonie de Senghor : la stabilité sans le développement
Prônant un socialisme modéré « africain », fondamentalement pro-français, Senghor va, en contrôlant étroitement l'arène politique, garantir au pays une vraie stabilité politique ; il bénéficie pour cela de l'appui de la France, avec laquelle il a signé des accords de défense et qui dispose d'une base militaire importante à Dakar, ainsi que de l'alliance qui avait été passée entre l'État colonial et les califes des confréries musulmanes. Prisonnier des structures d'une économie rentière établie à l'époque coloniale, Senghor est incapable d'en assurer l'évolution.
La Fédération du Mali explose trois mois après la proclamation de l'indépendance en juin 1960, du fait des désaccords politiques et personnels entre Senghor et son homologue soudanais, Modibo Keïta, plus radical et moins proche de la France. Le Sénégal proclame alors son indépendance le 20 août 1960 et se donne une nouvelle Constitution, de type parlementaire. Deux ans plus tard, les tensions montent cette fois entre le président Senghor et le chef du gouvernement Mamadou Dia, plus ancré à gauche. En décembre 1962, dénonçant une tentative de coup d'État, Senghor fait emprisonner Dia – il sera libéré en 1974. En avril 1963, une nouvelle Constitution est adoptée, qui supprime le poste de Premier ministre et établit un régime présidentiel. Senghor parvient progressivement à mettre la gauche au pas. Une timide tentative de guérilla communiste, menée par le Parti africain de l'indépendance (PAI), pro-soviétique, est étouffée dans l'œuf au Sénégal oriental en 1965. Soumis à une très forte pression, le PRA-S intègre, en 1966, le parti senghorien, entre-temps renommé Union progressiste sénégalaise (UPS), qui devient parti unique de fait.
Cette fermeture politique n'empêche pas la montée des tensions. En 1968, Dakar est secoué par une vive contestation étudiante et syndicale. Les ambitieux projets de l'État pour le développement agricole, touristique et industriel ne se concrétisent pas. De plus, la croissance démographique forte et la crise de la production agricole, qui résulte de la baisse des cours mondiaux et de l'érosion du soutien français à la filière arachidière, aggravent les difficultés d'un État clientéliste qui utilise les rentes agricoles pour influencer les groupes stratégiques – marabouts et élites urbaines. En 1979, le Sénégal est contraint d'entamer des négociations avec les institutions de Bretton Woods pour un plan d'ajustement structurel. Pour faire baisser la pression politique, Senghor joue la carte d'une ouverture limitée : l'UPS, qui deviendra Parti socialiste (PS) en 1976, perd son monopole politique avec la création, en 1974, par le juriste Abdoulaye Wade, du Parti démocratique sénégalais (PDS), qui se veut un parti de contribution plus que d'opposition. En 1976, une nouvelle réforme constitutionnelle autorise officiellement un parti supplémentaire, représentant la gauche marxiste : le PAI sort alors de la clandestinité. Sous la pression de jeunes bureaucrates, menés par Jean Collin, ancien administrateur colonial français devenu citoyen sénégalais, Senghor décide de quitter le pouvoir le 31 décembre 1980. Il est remplacé par Abdou Diouf, qui était son Premier ministre depuis la réforme constitutionnelle de 1970 qui avait restauré cette fonction.
Abdou Diouf : la crise continue
La prise de pouvoir de Diouf ne se fait pas sans mal : jeune technocrate sans base au sein du PS, il va devoir faire face à l'opposition de ses aînés, les « barons » du parti. Il s'assure d'abord du retrait définitif de Senghor, qui envisageait de rester à la tête du PS, puis autorise le multipartisme et la liberté de la presse. Si le PDS remporte[...]
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Écrit par
- François BOST : agrégé de géographie, maître de conférences à l'université Paris-X-Nanterre
- Vincent FOUCHER : docteur en science politique, analyste à l'International Crisis Group
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
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