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SÉNÈQUE (4 av. J.-C. 65 apr. J.-C.)

Les œuvres en prose

La date de composition de la Consolation à Marcia, adressée à la fille de l'historien romain Cremutius Cordus, condamné sous Tibère à cause de ses idées républicaines, ne peut se placer qu'après la mort de cet empereur, c'est-à-dire après l'avènement de Caligula (37 apr. J.-C.). C'est pendant le temps de l'exil de Sénèque (41-49) qu'il faut situer la consolation adressée à sa mère Helvia, destinée à la réconforter en cette circonstance, et la consolation adressée à l'affranchi Polybe, favori de l'empereur Claude et chargé de la fonction de secrétaire des requêtes. Cette dernière consolation, qui est, en fait, une pétition déguisée en vue d'obtenir son rappel d'exil, prend pour prétexte la mort du frère de Polybe et se perd en flatteries assez indignes à l'égard de celui-ci. On peut situer avec précision sa composition au cours de l'année 43. En ce qui concerne les tendances philosophiques de Sénèque, ces œuvres n'apportent qu'un témoignage de valeur très limitée. L'écrit de consolation, qui se situe dans une tradition que l'on peut faire remonter jusqu'aux sophistes, ne s'adresse pas aux adeptes de la philosophie, mais aux profanes. Ce n'est donc pas un texte d'enseignement philosophique au sens propre du terme. Il s'efforce toujours d'énumérer tous les motifs de consolation que l'on peut trouver, sans chercher à savoir s'ils sont compatibles ou non avec un système philosophique déterminé. C'est pourquoi il n'y avait certainement pas de différence fondamentale entre une consolation écrite par un académicien ou par un stoïcien, ou même par un auteur de formation purement rhétorique. Il ne faut donc pas accorder aux affirmations de Sénèque contenues dans ses écrits de consolation la même valeur philosophique qu'à celles de ses lettres et de ses écrits dogmatiques. Le corpus des lettres de Cicéron (surtout Ad familiares) et celui des lettres de Pline le Jeune nous montrent que ces écrits de consolation étaient extrêmement répandus et avaient une sorte de caractère institutionnel à la fin de la République romaine et à l'époque impériale.

L'Apocolocynthosis (« la métamorphose en citrouille ») est une satire ménippée, fort spirituelle, sur la mort de l'empereur Claude. La virulence haineuse de cet ouvrage laisse supposer qu'il a été composé peu de temps après la mort de l'empereur (54), c'est-à-dire dans un temps où l'amertume de Sénèque était encore vive.

Trois écrits en prose composés par Sénèque pourraient être désignés dans le langage technique de la philosophie antique comme des ethologiae ou des characterismoi. Ils correspondent en effet à cette partie bien déterminée de la parénèse philosophique dans laquelle on fait la description d'une vertu ou d'un vice ; on en donne la définition, on en décrit les caractéristiques, souvent en y ajoutant celles de la vertu ou du vice contraire, et l'on indique les moyens et les méthodes pour acquérir cette vertu ou corriger ce vice.

Le premier ouvrage de ce type paraît être le traité Sur la colère (De ira), probablement écrit peu de temps après la mort de Caligula (41) et adressé au frère aîné de Sénèque, Novatus. Le traité Sur la clémence (De clementia), dédié à Néron et dont une partie est perdue, a été composé vraisemblablement peu après l'avènement de l'empereur. Le plan annoncé au début de l'ouvrage (II, 3) est bien celui d'une ethologia. Mais, par l'application qui est faite à Néron, l'écrit se transforme très habilement en une sorte de « miroir des princes ». La description de la vertu idéale du souverain, la clémence (à laquelle Sénèque oppose la cruauté), se transforme en une description du souverain idéal, qui concorde en beaucoup[...]

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Sénèque, Juste de Gand - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Sénèque, Juste de Gand

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