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SENTIMENT DU TEMPS, Giuseppe Ungaretti Fiche de lecture

Maîtrise et renoncement

Dans ces poèmes, une angoisse d'autant plus taraudante qu'en partie muette induit la résistance et l'abandon (« Sœur sans mémoire, mort,/ D'un seul baiser/ Tu me feras l'égal du songe »). À la force vitale répond chez Ungaretti une déprise dont le dernier poème de L'Allégresse, déjà, disait l'attente : « Accorde-moi Seigneur le naufrage/ au premier cri de cette jeune journée. » Il faut peut-être voir dans cette double aspiration – maîtrise et renoncement – l'origine de la crise religieuse traversée par le poète, et qui inspirera les strophes de « La Pitié » : « J'ai peuplé de noms le silence.// Ai-je dépecé tête et cœur/ Pour être asservi à des mots ?// Je règne sur des fantômes », ou l'unique vers de « Fin » : « Croit-il en soi et dans le vrai celui qui désespère ? »

Que Sentiment du temps soit nourri par les leçons si contraires de Góngora et Leopardi suffit à dire la richesse, à la fois secrète et généreuse, d'un des plus beaux recueils poétiques du xxe siècle, qui constitue aussi, en français, grâce à Philippe Jaccottet et Pierre Jean Jouve, un chef-d'œuvre de traduction.

— Bernard SIMEONE

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Écrit par

  • : écrivain, traducteur, directeur de collection et critique littéraire

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Giuseppe Ungaretti - crédits : Mondadori Portfolio/ Getty Images

Giuseppe Ungaretti

Autres références

  • ITALIE - Langue et littérature

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    • 28 412 mots
    • 20 médias
    À partir des années 1930, on assiste à l’émergence de poétiques fortement divergentes. En poésie, le recueil Sentimentodel tempo (1933) de Giuseppe Ungaretti, devient le modèle du courant de la « poésie pure ». C’est cette forme poétique – mais aussi en partie le symbolisme et le surréalisme...