SÉOUL
Localisée dans la basse vallée du fleuve Han, à l'extrême nord-ouest de la Corée du Sud, Séoul, capitale prestigieuse depuis sa fondation à la fin du xive siècle, est aujourd'hui le centre politique, économique et culturel de la nation sud-coréenne. Apparue sur la scène internationale à l’occasion des jeux Olympiques de 1988, la ville compte, au début des années 2010, environ 10 millions d'habitants et commande la « Région Capitale » ou Sudokkwŏn qui, avec environ 23 millions d'habitants (soit plus de 45 p. 100 de la population sud-coréenne) est la troisième plus grande agglomération mondiale, après celles de Tōkyō et de New York. Placée à une trentaine de kilomètres de la frontière intercoréenne après la partition de la péninsule en 1948, Séoul, qualifiée de « miracle sur le fleuve Han », apparaît bien représentative des mégapoles asiatiques qui, dans un contexte de mutations urbaines brutales, ont fonctionné à la fois comme des moteurs, des symboles et des stigmates du développement. La rapidité des changements s'expérimente à l'aune des contrastes saisissants qu'offre une ville où le parfum de l'Asie traditionnelle se mêle aux émanations d'une modernité made in Asia ou américanisée : les anciens marchés couverts de la ville précoloniale sont aujourd'hui surmontés de gigantesques néons publicitaires, tandis que les échoppes de restauration de rue et les marchands ambulants voisinent avec les fast-foods, à l'ombre de gratte-ciel ultramodernes.
Une capitale historique multiséculaire
Ville dont l'histoire remonte à l'Antiquité coréenne, Séoul (connue sous d'autres noms, comme celui de Wiryesŏng avant notre ère) fut définitivement établie capitale politique en 1394 par le général Yi Sŏnggye, fondateur de la dynastie des Yi qui régna sur la Corée (Chŏson) de 1392 jusqu'au début de la colonisation japonaise (1910).
Localisée dans la région centrale à la croisée des réseaux de communication donnant accès à l'ensemble de la péninsule, l'ancienne Séoul (alors nommée Hanyang ou Hansŏng) est une cité fortifiée sise dans une petite cuvette située à 4 kilomètres au nord du fleuve Han et enserrée dans un écrin de collines, selon les principes de la géomancie extrême-orientale (p'ungsu chiri en coréen). Son plan en damier reproduit le modèle de la capitale des Tang, Ch'angan (aujourd'hui X'ian) et, pendant environ cinq siècles, Hansŏng, lieu du pouvoir très centralisé de la dynastie des Yi, resta une ville contrôlée par les fonctionnaires lettrés d'un royaume tributaire de la Chine et fermé au monde extérieur. À la fin du xixe siècle, Séoul, limitée aux 16,5 kilomètres carrés de la cité de 1394, compte environ 200 000 habitants. En 1876, la signature du traité de Kanghwa avec le Japon entraîne un début de modernisation, qui se concrétise dans la ville par une première poussée démographique et de grands travaux d'urbanisme portant sur l'amélioration des réseaux (évacuation et circulation) en 1896 et 1898.
La colonisation japonaise (1910-1945) ouvre la première grande phase de transformation de Séoul : rebaptisée Kyŏngsŏng, la ville accueille les organes du gouvernement colonial et se modernise, tandis que s'y installent de nombreux Japonais (30 p. 100 de la population dans les années 1930). Dès les années 1920, la ville déborde ainsi de son site initial : la mise en place d'un réseau de tramways et la construction du premier pont sur le Han orientent l'extension urbaine vers le sud-ouest en direction du quartier industriel de Yŏngdŭngp'o. De 250 000 habitants en 1920, la ville passe ainsi à 900 000 habitants en 1945, au moment de la Libération.
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Écrit par
- Valérie GELÉZEAU : maître de conférences habilitée à diriger des recherches à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS)
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