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SÉOUL (JEUX OLYMPIQUES DE) [1988] Contexte, organisation, bilan

Quand le C.I.O. tient sa quatre-vingt-quatrième session, du 29 septembre au 2 octobre 1981 à Baden-Baden, une chose est sûre : les XXIes jeux Olympiques d'été se dérouleront en 1988 en Asie. En effet, malgré les velléités de Glasgow, Londres, Sydney, Téhéran et New York, seules Séoul (Corée du Sud) et Nagoya (Japon) ont présenté leur dossier de candidature. Le 30 septembre 1981, la capitale de la Corée du Sud est préférée à la métropole japonaise, par cinquante-deux voix contre vingt-sept. Par ailleurs, la réunion de Baden-Baden est marquée par une décision historique pour le mouvement olympique : lors du congrès tenu juste avant la session, Juan Antonio Samaranch, élu président du C.I.O. un an plus tôt, propose la suppression du mot « amateurisme » de la Charte olympique – ce qui signifie que les Jeux pourraient s'ouvrir aux sportifs professionnels –, ce qui est accepté.

Mais, un an après que les Jeux de Moscou ont été massivement boycottés à l'appel du président des États-Unis Jimmy Carter, le choix de Séoul provoque de vives réactions dans le monde communiste : la Corée du Sud n'est pas reconnue par les États membres du pacte de Varsovie, et Moscou considère que ce pays est un territoire indûment occupé par les États-Unis. Néanmoins, le C.I.O. estime que le choix de Séoul s'inscrit dans une volonté d'internationalisation du mouvement olympique.

Le bloc communiste proteste et on craint longtemps qu'un nouveau boycottage ternisse l'événement. Fidel Castro propose à Juan Antonio Samaranch que les compétitions se répartissent entre les deux Corées ; le président du C.I.O., s'appuyant sur la Charte olympique qui veut que les Jeux se déroulent dans un seul pays, refuse. Puis Pyongyang insiste, mais Samaranch campe sur ses positions. Néanmoins, l'évolution de la géopolitique mondiale modifie la donne. En U.R.S.S., Mikhaïl Gorbatchev arrive au pouvoir en mars 1985 ; rapidement, il prône la perestroïka (réforme) et la glasnost (transparence), et il multiplie les initiatives visant à la détente Est-Ouest. En 1986, une délégation de la Chine communiste participe aux Jeux asiatiques qui se tiennent à Séoul, rétablissant de fait les relations entre les deux pays. En décembre 1987, Roh Tae-woo, qui fit partie du comité d'organisation des Jeux de Séoul (Seoul Olympic Organizing Committee, S.L.O.O.C.), est élu président de la République de Corée du Sud, ce qui marque la fin du régime militaire. Dans ces conditions, la menace de boycottage s'éloigne. En décembre 1987, la Hongrie est le premier pays communiste à indiquer qu'elle participera aux Jeux ; la R.D.A. fait de même, puis tous les autres États d'Europe de l'Est. Seules la Corée du Nord de Kim Il-sung et le Cuba du Líder Máximo boycottent officiellement les Jeux de Séoul...

Le S.L.O.O.C. a vu le jour en novembre 1981 : il est présidé par Kim Yong-shik, un ancien ministre, et placé sous le haut patronage du chef de l'État, le général Chun Doo-hwan. En organisant les Jeux, la Corée du Sud veut sortir définitivement de son isolement et prouver au monde qu'elle est un pays dynamique et en pleine croissance, celle-ci s'appuyant notamment sur les technologies de pointe. Métropole de dix millions d'habitants, Séoul se lance dans un vaste programme de construction et de rénovation de ses infrastructures : la capacité de l'aéroport est doublée ; une autoroute à huit voies relie celui-ci au complexe olympique ; le réseau métropolitain est modernisé et agrandi (un réseau souterrain de 120 kilomètres peut transporter quotidiennement cinq millions de voyageurs) ; de multiples hôtels de luxe sortent de terre pour recevoir les touristes...

Les infrastructures destinées aux Jeux se concentrent essentiellement dans le sud-est de Séoul. Au cœur d'un terrain boisé de 500 000[...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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