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SEPT DORMANTS D'ÉPHÈSE

D'après une tradition apocryphe (reprenant le thème, fréquent dans la littérature, du héros qui, après un long sommeil, se réveille dans une société transformée), l'empereur Dèce (250-251), passant à Éphèse, ordonna d'emmurer, dans la grotte où ils s'étaient cachés, sept jeunes chrétiens qui, tels les Maccabées, refusaient des viandes impures ; plongés dans un merveilleux sommeil, ils se réveillèrent sous Théodose II en 448, pour quelques heures seulement, annonçant par là la résurrection des corps au dernier jour. Ils furent alors ensevelis dans leur grotte.

Le récit de cette dormition, composé en grec à Éphèse au milieu du ve siècle, fut traduit en latin par Grégoire de Tours (mort en 594). Le culte des Sept Dormants devint très populaire aussi bien en Orient qu'en Occident. On a retrouvé les vestiges de leur sanctuaire d'Éphèse. Sur leur souvenir se greffèrent des légendes locales, notamment en France aux grottes de Marmoutier près de Tours et à la crypte-dolmen du Stiffel au Vieux-Marché-en-Pluzunet (Côtes-d'Armor).

Pour les musulmans, les Sept Dormants d'Éphèse, les Ahl al-kahf, sont, par leur résurrection anticipée, les témoins de celle des derniers temps, les annonciateurs du Jugement. Le Coran leur consacre plusieurs versets, dans le chapitre qu'on appelle la sourate de la Caverne (xviii, 8-12). Le fait qu'ils appartiennent à la double tradition chrétienne et islamique a été récemment mis en lumière, surtout sous l'influence de Louis Massignon, comme un gage de rapprochement, non seulement entre l'Orient et l'Occident, mais aussi entre les deux religions. Tandis que l'islam fait réciter la sourate de la Caverne dans toutes les mosquées le vendredi, la chrétienté fête les Sept Dormants le 27 juillet dans l'Église latine, le 23 octobre et le 4 août dans les Églises d'Orient.

— Jacques DUBOIS

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Écrit par

  • : moine bénédictin, directeur d'études à l'École pratique des hautes études (IVe section)

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