SÉPULTURE
Signes extérieurs de la tombe. Les monuments funéraires
La tombe en elle-même, avec ses aménagements et son décor, ne constitue qu'une partie de la sépulture. À toutes les époques et dans toutes les religions, elle est pourvue d'une « marque », d'un « signe » qui jalonne les tombes des nécropoles ; elle est associée à certains rites funéraires et accentue certains des caractères déjà signalés dans l'agencement de la tombe : le développement monumental, l'expression des hiérarchies, la transposition des priorités sociales.
L'élément extérieur le plus simple est constitué par la stèle, parfois totalement aniconique, plus souvent animée d'un décor peint, gravé ou sculpté : simple colonne ou dalle aux contours bien dessinés, elle peut s'accroître en proportions et en complexité pour se charger de reliefs évoquant des scènes religieuses ou familières, devenir même la miniaturisation d'édifices réels, temples ou maisons, et former le cadre où se situent et agissent des personnages. La stèle peut être inscrite, portant simplement le nom du défunt, parfois sa généalogie complète et ses actions d'éclat. On y ajoute des formules d'accueil et de salut à l'égard du passant, et aussi des formules d'imprécation contre le pillard éventuel. La stèle peut être dressée sur la tombe elle-même, ou disposée, lorsqu'il s'agit de monuments complexes ou d'enclos funéraires enfermant plusieurs sépultures, soit à l'entrée de l'enceinte, soit en des emplacements privilégiés dans l'aire ainsi réservée.
Dans toute société, primitive ou très évoluée, le souci de protéger la tombe est à l'origine de nombreuses structures. Il est bien des forces hostiles qui menacent la sépulture, les mauvais génies ou les démons, et même les humains mal intentionnés ; protection rituelle et protection magique et matérielle se trouvent associées. Dès lors, il se crée un monde d'êtres et d'animaux qui assurent ces diverses charges, variables selon les civilisations, mais avec des constantes. Les effigies de sphinx et de lions, les démons assyriens, les effigies divines en Extrême-Orient et au Moyen-Orient, sur les rives sud et nord de la Méditerranée, en Afrique noire comme dans les civilisations primitives d'Amérique répondent à ce besoin profond et permanent. La plénitude de la sculpture chinoise dans les siècles encadrant les débuts de notre ère est atteinte par l'art funéraire ; les représentations de chevaux, d'animaux en action sont constamment associées aux grandes tombes de la dynastie Han. Les allées de sphinx assurent la protection des grandes sépultures égyptiennes à pyramides ; le lion, dès l'époque archaïque, est un gardien assidu des tombes grecques, et il en est de même sur celles des rives orientales de la Méditerranée. Il serait long d'établir le catalogue des animaux réels ou fabuleux chargés de veiller sur les sépultures.
Aux préoccupations religieuses viennent s'ajouter le goût du faste et les recherches de prestige pour favoriser le développement des architectures funéraires. Celles-ci traduisent un élément fondamental de la croyance religieuse, le culte des morts, les passages des cultes funéraires aux cultes des héros ; il en résulte la construction de monuments de fonction rituelle dont les plans et les formes varient avec les traditions religieuses. On connaît les divers aspects des temples funéraires égyptiens, les formes originales des lieux de culte funéraire mésopotamiens et iraniens, les grandes réalisations des diverses civilisations de l'Extrême-Orient, les non moins fastueuses installations des princes d'Occident dont les capitales conservent les chefs-d'œuvre dus souvent aux meilleurs sculpteurs. Du xe au xviiie siècle, la tradition des gisants fournit[...]
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Écrit par
- Roland MARTIN : membre de l'Institut
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