SERBIE
Nom officiel | République de Serbie (RS) |
Chef de l'État | Aleksandar Vučić (depuis le 31 mai 2017) |
Chef du gouvernement | Miloš Vučević (depuis le 2 mai 2024) |
Capitale | Belgrade |
Langue officielle | Serbe |
Unité monétaire | Dinar serbe (RSD) |
Population (estim.) |
6 615 000 (2024) |
Superficie |
77 589 km²
|
Évolution politique depuis l'éclatement de la Yougoslavie
La Grande Serbie
Les guerres yougoslaves commencent le 28 juin 1991, lorsque la J.N.A. attaque la défense territoriale slovène. Au bout d'une semaine, l'armée fédérale est obligée de se replier. Le 18 juillet, dans l'île de Brioni, les Européens obtiennent un cessez-le-feu et l'ajournement des déclarations d'indépendance. Pour Belgrade, la sécession des Slovènes n'a pas d'importance. Slobodan Milošević espère encore prendre la direction d'une Fédération à cinq dirigée par les Serbes. Mais l'indépendance croate est devenue inéluctable. Milošević va alors se rabattre sur une grande Serbie, unifiant à Belgrade tous les territoires où vivent des Serbes, tant en Croatie qu'en Bosnie. Cette politique de Grande Serbie ne durera que trois ans et se soldera encore une fois par un échec.
En août 1991, la guerre touche la Slavonie croate. Les 29 février et 1er mars 1992 vient le tour des Bosniaques et des Monténégrins de se prononcer par référendum sur le maintien dans la Fédération. Les Monténégrins votent pour à 66 %. Les Serbes de Bosnie, qui représentent 31 % de la population, boycottent le scrutin. Ils proclament l'indépendance de la Republika Srpska (République serbe de Bosnie-Herzégovine) le 7 avril. Le 27, Serbes et Monténégrins forment la République fédérale de Yougoslavie (la « troisième Yougoslavie »).
Face à la politique irrédentiste de Belgrade, l'O.N.U. adopte des sanctions économiques contre la Yougoslavie le 30 mai 1992. Pour financer sa guerre, Milošević va alors nationaliser tous les comptes bancaires privés de ses concitoyens, plongeant des centaines de milliers de Serbes dans la pauvreté. Cet épisode fait basculer la ville de Belgrade dans l'opposition. Le 28 juin, cent cinquante mille manifestants défilent à Belgrade pour demander l'arrêt des combats et le départ de Milošević.
Le 20 décembre, ce dernier remporte l'élection présidentielle de Serbie. En revanche, aux législatives qui ont lieu le même jour, le S.P.S. recule au profit de l'extrême droite nationaliste du Parti radical serbe (S.R.S.) de Vojislav Šešelj. Au niveau fédéral, la coalition S.P.S.-S.R.S. limoge le Premier ministre Milan Panić puis le président Dobrica Ćosić. La J.N.A. (devenue Armée yougoslave, V.J., pour oublier son passé titiste), les armées locales des Serbes de Bosnie et de Croatie et les milices paramilitaires occupent près de 30 % de la Croatie et 55 % de la Bosnie, pratiquant à grande échelle « le nettoyage ethnique » et les massacres de civils. Le régime se durcit à Belgrade. Le 19 décembre, le S.P.S. remporte les législatives de Serbie grâce à une fraude massive.
Mais, en 1995, la Grande Serbie vit ses dernières heures. Au printemps, Washington impose aux Croates et aux Musulmans de Bosnie d'unir leurs forces. L'armée croate reçoit du matériel militaire allemand et passe à l'offensive au printemps et à l'été de 1995 sur tous les fronts. En quelques jours, la Slavonie occidentale et les Krajina serbes s'effondrent, lâchées par Belgrade, alors que les Serbes de Bosnie perdent 15 % du territoire qu'ils occupaient.
La ligne politique de Milošević était de conquérir le pouvoir et de le garder coûte que coûte. Le nationalisme n'a été pour lui qu'un moyen. Après avoir échoué par deux fois (Fédération à cinq, Grande Serbie), il se replie sur la petite Yougoslavie (Serbie-Monténégro). Pour conserver sa peau de chagrin, il se présente comme l'homme de la paix lors des accords de Dayton, signés sous l'égide des États-Unis le 21 novembre 1995, qui officialisent la paix entre la Serbie, la Croatie et la Bosnie.
La Petite Serbie
Si les accords de Dayton mettent fin aux guerres yougoslaves, ils ne prennent pas en compte une donnée[...]
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Écrit par
- Amaël CATTARUZZA : docteur en géographie, coordonnateur scientifique de l'Atelier de recherches internationales, université de Belgrade
- Christophe CHICLET
: docteur en histoire du
xx e siècle de l'Institut d'études politiques, Paris, journaliste, membre du comité de rédaction de la revueConfluences Méditerranée - Jovan DERETIC : professeur, doyen de la faculté de philosophie de Belgrade
- Catherine LUTARD : docteur de l'université de Bordeaux-III, chercheur associé à l'Institut de recherche sur les sociétés postcommunistes (I.R.E.S.C.O., Nanterre), collaboratrice scientifique à l'Université libre de Bruxelles
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Autres références
-
SERBIE, chronologie contemporaine
- Écrit par Universalis
-
ALBANIE
- Écrit par Anne-Marie AUTISSIER , Odile DANIEL , Encyclopædia Universalis et Christian GUT
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- Écrit par Roger BAUER , Jean BÉRENGER , Annie DELOBEZ , Encyclopædia Universalis , Christophe GAUCHON , Félix KREISSLER et Paul PASTEUR
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