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ESSENINE SERGE ALEXANDROVITCH (1895-1925)

La Russie était un pays de civilisation paysanne. Essenine a exprimé la réaction de cette civilisation aux premières phases de la révolution. Il l'a fait avec un naturel et une chaleur, avec une science de la forme poétique qui ont enchanté, à l'époque, la jeunesse. Le meilleur de son œuvre lyrique demeure encore vivant.

Une enfance pastorale

Essenine est né dans un gros bourg de la province de Riazan ; il s'est pendu à Leningrad dans la nuit du 27 au 28 décembre 1925. Il a produit pendant une dizaine d'années.

Le petit Serge, blond comme les blés, eut une belle enfance chez son grand-père. Celui-ci, meunier, était aisé ; vieux-croyant, il aimait lire à haute voix la Bible et les vies des saints. La grand-mère recevait moines quêteurs, errants, diseurs de légendes, d'énigmes et de « vers spirituels ». L'enfant écoutait. Il goûtait les charmes d'une campagne amène : plongeons dans l'Oka, chevauchées, grimpades, cueillette des fruits et des baies, la compagnie des bêtes, les batailles entre gamins et le ciel étoilé. À l'école il apprenait facilement. Ces impressions d'enfance l'ont inspiré pour toute sa vie. Déjà à huit-neuf ans, il les énonçait en vers. Son village lui sera tour à tour joie, havre, regret ou désespoir.

Mais le voici, de quatorze à dix-sept ans, interne dans une école normale pour être instituteur : il étudie la littérature classique, s'éprend de Pouchkine, lit et rime passionnément. En 1913, il travaille comme correcteur à Moscou et fréquente l'excellente université populaire Chaniavski. Ainsi, Essenine n'est pas l'autodidacte que l'on s'est longtemps figuré.

En 1915, il fait son entrée dans la capitale (Petrograd). Alexandre Blok, le prince des poètes, le reçoit ; Kliouev, poète paysan en renom, se fait son protecteur. En 1916 paraît un premier recueil : un choix de ses trente-trois pièces préférées.

L'amour du paysage natal est là comme une religion :

Je prie les aubes pourpres, Je communie au ruisseau.

Saint Nicolas chemine sur terre, et Dieu, de sa fenêtre au ciel, lui répond. La forêt est l'église où s'attarde Jésus.

Si la troupe des saints me crie : « Viens au ciel, laisse la Russie ? » Je dirai : « Du ciel ne veux mie, Donnez-moi ma patrie ! »

La tonalité générale est joyeuse, malgré de curieux pressentiments de mort.

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur honoraire de russe à l'université de Paris-Sorbonne

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