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POLIGNY SERGE DE (1903-1983)

Il existe, dans la filmographie de la plupart des réalisateurs, même s'ils n'ont été que d'honnêtes artisans dans un système de production qui ne favorisait pas toujours les films d'auteur, une œuvre phare, soit par la qualité du scénario, soit par celle de l'interprétation. Ainsi, Serge de Poligny mériterait-il d'être réévalué, ne serait-ce que pour Le Baron fantôme (1943) réalisé pendant l'Occupation et parfois attribué abusivement à Cocteau, qui en avait seulement écrit les dialogues.

Le réalisateur, né en 1903, avait débuté comme décorateur à la Paramount, avant de signer, au début du parlant, les versions françaises des films de la U.F.A. – notamment Coup de feu à l'aube et, en 1936, La Chanson du souvenir de Douglas Sirk, conçu pour la cantatrice Martha Eggerth. De Poligny réalise son premier film, Une brune piquante, en 1932. Le suivant bénéficie d'une intéressante distribution : il s'agit de L'Étoile de Valencia (1933), avec Brigitte Helm, Jean Gabin et Simone Simon. Mais il tournera son premier film vraiment ambitieux en 1937 : une adaptation du roman de Colette, Claudine à l'école, non dépourvue d'élégance, mais qui vaut surtout par ses comédiens, Max Dearly, Pierre Brasseur et, dans le rôle de la jeune Claudine, Blanchette Brunoy. Suit, dans le registre des comédies des années 1930, Le Veau gras, avec Elvire Popesco, André Lefaur, François Périer. Puis, dans les années 1940, Serge de Poligny signe deux séries de films « de prestige » : Le Baron fantôme et La Fiancée des ténèbres (1945), dans un registre fantastique.

Le Baron fantôme est certainement une réussite d'équipe : décorateur, dialoguiste et interprètes – notamment Jany Holt et Alain Cuny, personnalités singulières qui tranchaient sur les premiers rôles de l'époque. Dans la même veine, Serge de Poligny réalise La Fiancée des ténèbres, essai de fantastique à la française inspiré d'une légende cathare, avec Jany Holt opposée cette fois à Pierre Richard-Willm. Après la guerre, Serge de Poligny connaîtra deux succès « grand public » : Torrents (1947), film quelque peu mélodramatique tourné en Algérie avec Georges Marchal, et La Soif des hommes (1949) avec le couple vedette que forment alors Dany Robin et Georges Marchal. Ces films sont honnêtement réalisés, mais dépourvus du raffinement qui caractérisait les deux productions précédentes.

Malgré ces succès publics, la carrière de Serge de Poligny s'achève au début des années 1950, comme celle de nombreux autres cinéastes de sa génération.

— André-Charles COHEN

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