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GOLOVINE SERGE (1924-1998)

Danseur étoile des Ballets du marquis de Cuevas, célèbre pour son élévation, sa légèreté d'elfe et sa distinction naturelle.

Né en 1924 à Monte-Carlo, d'une mère bretonne et d'un père russe descendant du peintre Alexandre Golovine (décorateur des Ballets russes de Serge de Diaghilev), Golovine se destine dès son enfance à la danse. Il travaille d'abord avec Julia Sedova, ancienne étoile du théâtre Marinski de Saint-Pétersbourg émigrée à Nice, puis avec Gustave Ricaux, professeur à l'École de danse de l'Opéra de Paris, mais aussi avec Carlotta Zambelli, Olga Preobrajenska et Alexandre Volinine, de prestigieux professeurs installés à Paris.

En 1941, il entre dans les rangs du Ballet de l'Opéra de Monte-Carlo où sa sœur, Solange, est déjà engagée. Il a tout juste dix-sept ans : cinq ans plus tard, il sera étoile. Pourtant, Golovine n'a qu'un rêve en tête : l'Opéra de Paris. Il accepte d'y entrer en 1947 comme second quadrille, le plus modeste rang de la hiérarchie. Trois ans plus tard, il est grand sujet, mais il lui répugne d'attendre plus longtemps un titre d'étoile qu'il estime mériter amplement. Le marquis de Cuevas l'engage alors avec le titre d'étoile. Une journaliste n'hésite pas à parler à l'époque d'un certain Golovine, « jeune frère jumeau de Nijinski ». En 1951, il crée Tarasiana avec Rosella Hightower sur une musique de John Taras et devient la coqueluche du public. En 1953 a lieu la première de Piège de lumière, toujours de Taras et toujours avec Hightower. Golovine s'illustre aussi dans Le Spectre de la rose et Petrouchka, deux des rôles qui contribuèrent à la gloire de Nijinski et qu'il marque d'une empreinte toute personnelle. Golovine restera fidèle à la compagnie jusqu'à sa dissolution en 1962, après la mort du mécène. En 1961, Rudolf Noureev, passé à l'Ouest après sa tumultueuse évasion au Bourget, signe son premier contrat avec les Ballets du marquis de Cuevas pour La Belle au bois dormant. Les deux danseurs se partagent les rôles du Prince et de l'Oiseau bleu, rivalisant de virtuosité et faisant vibrer un public passionné.

Libre de tout engagement, Serge Golovine fonde sa propre compagnie en 1962, qui ne vivra que quelques mois. Il occupe ensuite les fonctions de maître de ballet au Grand Théâtre de Genève (1964-1969) avant d'ouvrir sa propre école de danse dans la ville suisse. Parallèlement, il est invité à remonter des œuvres classiques pour de nombreuses compagnies, notamment Petrouchka de Fokine, dont il restitue l'atmosphère, la cocasserie et la tendresse, ainsi que la précision des ensembles. C'est le cas à l'Opéra de Paris en 1975. À cette occasion, Serge Golovine fait officiellement ses adieux à la scène dans un rôle qui aura décidément marqué sa carrière. De 1981 à 1997, il enseigne à l'École de danse du Ballet de l'Opéra de Paris. Il épouse Claude Bessy, la directrice de l'établissement, qui l'avait connu alors qu'elle n'avait que quinze ans. Serge Golovine décède le 31 juillet, à la suite de complications survenues après une opération cardiaque. Ses cendres reposent en Corse, dans la maison qu'il partageait avec Claude Bessy.

— Jean-Claude DIÉNIS

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