LIFAR SERGE (1905-1986)
Rupture et continuité
La Libération de Paris reporte à 1947 la création de son chef-d'œuvre, les métaphysiques Mirages d'Henri Sauguet (décors et costumes de Cassandre). Chassé avec Rouché de l'Opéra de Paris pour s'être compromis avec l'occupant, il fonde et dirige les Nouveaux Ballets de Monte-Carlo où le rejoignent Yvette Chauviré, Janine Charrat, Renée Jeanmaire, Ludmilla Tcherina, Youly Algaroff, Alexandre Kalioujny, Vladimir Skouratoff. Pour eux, il règle Aubade (musique de Poulenc, 1946), ChotaRoustaveli (musique d'Arthur Honegger, Alexandre Tcherepnine et Tibor Harsanyi, 1946), ainsi que Dramma per musica (musique de Jean-Sébastien Bach, 1946) et Nauteos (musique de Jeanne Leleu, 1947) qui seront repris ensuite au Palais-Garnier. L'éclat de ces créations, la demande insistante du public et des danseurs entraînent le retour de Lifar au poste de maître de ballet de l'Opéra de Paris en 1947. Mais, il faudra attendre 1949 pour qu'il puisse revenir sur scène en tant que danseur. Féconde mais moins éclatante que la première, cette seconde période voit son autonomie artistique et sa liberté de choix réduites par des œuvres de commande tel Lucifer (1948), sur une musique de Claude Delvincourt. S'il incarne Le Chevalier errant (1950) de Jacques Ibert, il se réserve des rôles de caractère, exalte les jeunes espoirs du corps de ballet dans Septuor (musique de Jean Lutèce, 1950), ses étoiles dans Variations (musique de Franz Schubert, 1953)et Grand Pas (musique de Johannes Brahms, 1953). Il tente vainement de réhabiliter le grand ballet féerie avec Blanche-Neige, en 1951, sur une médiocre partition de Maurice Yvain, mais confirme son originalité dans Phèdre (musique de Georges Auric, décors et costumes de Jean Cocteau, 1950), Fourberies (musique de Gioacchino Rossini, 1952), Noces fantastiques (musique de Marcel Delannoy, 1955). Il présente également ses versions personnelles de L'Oiseau de feu (musique d'Igor Stravinski, décors et costumes de Georges Wakhevitch, 1954) et de Roméo et Juliette (musique de Prokofiev, décors et costumes de Wakhevitch, 1955). Après Chemin de lumière (musique d'Auric, décors et costumes de Cassandre, 1957), au terme de désaccords, il quitte en 1958 l'Opéra de Paris, sa demeure d'élection, où il reviendra superviser des reprises, régler notamment Le Grand Cirque (musique de Aram Ilitch Khatchatourian, décors et costumes de Bernard Buffet, 1969). Pour le Grand Ballet du marquis de Cuevas, et ses étoiles Nina Vyroubova, Serge Golovine, Jacqueline Moreau, il conçoit, en 1957, L'Amour et son destin sur la Symphonie pathétique de P. I Tchaïkovski. Diversement sollicité, il parcourt l'Europe et l'Amérique du Sud et se fixe, en 1981, en Suisse sans cesser de se tenir à l'affût de l'actualité chorégraphique.
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Écrit par
- Marie-Françoise CHRISTOUT : docteur d'État ès lettres, conservateur honoraire à la Bibliothèque nationale de France, écrivain et critique
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