PIMÈNE SERGE IZVEKOV (1910-1990) patriarche de Moscou (1971-1990)
Né dans une famille de condition modeste de la région de Moscou, à Bogorodsk, le 23 juillet 1910, Serge Izvekov avait pris l'habit monastique très jeune, en 1927, et c'est alors qu'il avait reçu le nom de Pimène. Il fut ordonné prêtre en 1932 alors que les persécutions contre l’Église battaient leur plein. Ses biographies officielles présentent une lacune dans sa vie entre 1935 et 1945. Des versions contradictoires ont été diffusées depuis 1979 et jusqu'à présent la lumière n'a pas été faite à ce sujet. Il semble qu'il ait connu l'épreuve des camps à plusieurs reprises avant de se retrouver au front durant la Seconde Guerre mondiale, puis qu'il ait été jeté de nouveau en prison après la guerre dans des conditions qui restent mal définies. Certaines sources ont fait état d'une détention pour désertion.
Le futur patriarche fut nommé en 1949 supérieur du monastère des Grottes de Pskov puis, en 1954, de la laure de la Trinité-Saint-Serge, à Zagorsk (nom soviétique de Sergiev Possat. Ordonné eu 1957 évêque auxiliaire du diocèse d'Odessa, il fut, à peine installé, rappelé à Moscou et placé à la tête de la chancellerie du patriarcat. Alors commence sa carrière. Il semble avoir été apprécié par les autorités civiles pour le consentement qu’il donna à la promulgation des statuts de l'Église qui mettaient celle-ci sous la dépendance complète de l'État et réduisaient les pouvoirs du prêtre au sein de la communauté paroissiale. Par un étonnant revirement de l'histoire, ces mêmes statuts, auxquels il avait adhéré, seront abrogés par le concile de juin 1988, qui se tint sous sa propre présidence.
En 1961, après un bref passage au diocèse de Toula, il est promu métropolite de Leningrad, puis, en 1963, métropolite de Kroutitsy et responsable pastoral du diocèse de Moscou. À la mort du patriarche Alexis en 1970, il assuma l'intérim patriarcal. Le 2 juin 1971, étant le seul candidat officiellement désigné, il fut élu à l'unanimité patriarche de Moscou par le synode de l'Église russe.
Au cours de sa vie, le patriarche Pimène fut le témoin et la victime des revirements successifs de la politique soviétique vis-à-vis de l'Église. Mais il en devint aussi paradoxalement l'un des acteurs. Discret, voire secret, le patriarche Pimène est l'image même de ces évêques qui furent promus au sommet de la hiérarchie par le régime lors des persécutions de la fin des années 1950. Une génération d'une autre trempe apparaîtra vers 1965-1970 avec les disciples du métropolite Nikodim, qui surent composer avec lui. Son caractère le prédisposait à demeurer soumis aux influences tant des autorités politiques que de son entourage immédiat.
Patriarche, il affirma dès son élection que le problème de la réintégration des catholiques d'Ukraine dans l'Église orthodoxe avait été définitivement réglé au synode de Lvov en 1945. On sait ce qu'il en fut à ce sujet. Il entreprit de nombreux voyages à l'étranger qui le conduisirent à apporter le soutien de l'Église à la politique soviétique. Il fit en particulier un discours en ce sens à la tribune de l'O.N.U. en 1977. Parallèlement à cette action sur la scène internationale, où il prit position en faveur des peuples opprimés et de certains détenus d'opinion à l'étranger, le patriarche Pimène garda un mutisme complet devant les attaques contre l'Église orthodoxe et la répression qui touchait les citoyens soviétiques emprisonnés pour leurs activités religieuses. Au contraire, il s'efforça de prouver toujours que l'Église jouissait d'une complète liberté et il maintint une attitude d'opposition à l'égard des instigateurs d'un renouveau, comme le père Gleb Yakounine et Alexandre Ogorodnikov.
Diminué par la maladie, le[...]
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Écrit par
- Bernard DUPUY
: directeur du Centre d'études Istina et de la revue
Istina
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Autres références
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SLIPYJ JOSYP (1892-1984)
- Écrit par Hervé LEGRAND
- 757 mots
Né à Zazdrist, près de Lvov, et ordonné prêtre en 1917, le cardinal Josyp Slipyj (Kobernyckyj-Dyčkowskyj) enseigna la théologie avant d'être nommé, en 1939, coadjuteur du métropolite André Szeptyckyj, chef de l'Église ukrainienne catholique, auquel il succéda le 1er novembre...