PROKOFIEV SERGE (1891-1953)
La notoriété parfois tapageuse de Stravinski semble avoir relégué au second plan Prokofiev, son cadet d'une dizaine d'années. Celui-ci, qui s'est souvent abrité derrière une façade un peu rude, voire audacieuse, a su pourtant incarner, mieux qu'aucun autre, la continuité de la musique russe, par-delà les événements politiques et artistiques qui ont secoué la première moitié du xxe siècle.
Les débuts en Russie (1891-1918)
Serge Prokofiev voit le jour à Sontsovka (district d'Ekaterinoslav, en Ukraine) le 23 avril 1891. Il est initié à la musique par sa mère, puis étudie l'harmonie avec Reinhold Glière (1902-1903). Dès l'âge de cinq ans, il compose ses première œuvres, des pièces pour piano, suivies d'une symphonie, de deux sonates et de quelques opéras (Le Géant, 1900 ; Sur les îles désertes, 1902 ; Ondine, 1904-1907). En 1904, il entre au conservatoire de Saint-Pétersbourg où ses maîtres sont Anatoli Liadov (harmonie), Nikolaï Rimski-Korsakov (orchestration), Yasep Vitol (composition), Anna Essipova (piano) et Nikolaï Tcherepnine (direction d'orchestre). Déçu par l'enseignement académique des premiers, il ne se sentira vraiment à l'aise que dans la classe de Tcherepnine. Prokofiev donne ses premiers récitals de piano en 1908 et publie quelques œuvres qui montrent déjà sa volonté de s'inscrire en réaction face aux courants issus du xixe siècle. Son cinquième opéra, Maddalena (1911), créé seulement en 1979 après reconstitution de l'orchestration inachevée, révèle déjà un réalisme dramatique hors du commun. En 1914, il obtient son diplôme de piano au conservatoire de Saint-Pétersbourg et triomphe au concours Rubinstein en jouant son propre premier concerto. La même année, il rencontre Serge de Diaghilev auquel il propose, en vain, un opéra d'après Le Joueur de Dostoïevski. Il se résigne à lui livrer un ballet, Ala et Lolly, que Diaghilev refuse ; c'est de cette partition que sera tirée la Suite scythe dont la création à Saint-Pétersbourg, en 1916, provoque un scandale comparable à celui du Sacre du printemps : effrayé par une telle audace, Glazounov quitte ostensiblement la salle. Rarement une œuvre avait réclamé un tel effectif instrumental : son utilisation agressive soulignait la nouveauté d'un langage harmonique très dur. La page du romantisme est définitivement tournée : Prokofiev cultive à la fois un langage violent et un retour au classicisme qui s'épanouit dans la symphonie no 1 dite Symphonie classique. Au lendemain de sa création, en 1918, il obtient l'autorisation de quitter l'U.R.S.S. et se fixera aux États-Unis.
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Écrit par
- Alain PÂRIS : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France
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Médias
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