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LEONE SERGIO (1921-1989)

Né à Rome, Sergio Leone est le fils du metteur en scène du cinéma muet Roberto Leone Roberti et de l'actrice Bice Waleran. Son nom apparaît d'abord au générique de quelques « péplums » (qui ne sont pas parmi les meilleurs du genre) comme « auteur du sujet » ou comme coscénariste. En 1959, il passe à la mise en scène en terminant une nouvelle version des Derniers Jours de Pompéi, que le vétéran Mario Bonnard, malade, a dû abandonner. Il cosigne également le scénario de Sous le signe de Rome, de Guido Brignone.

L'année suivante, Sergio Leone signe l'un des produits les plus originaux du genre pseudo-historique alors en décadence : Le Colosse de Rhodes (1960). Il joue notamment du contraste entre des scènes de plein air très ensoleillées et l'étouffante atmosphère des intérieurs (souterrains ou tête du Colosse qui sont autant de lieux de torture aux machineries compliquées). Il dirige ensuite la seconde équipe du film de Robert Aldrich, Sodome et Gomorrhe (1962) : les deux hommes ne s'entendent pas, et leurs dissensions ne sont pas étrangères à l'aspect chaotique du résultat final.

Le péplum agonise et le cinéma italien est à la recherche d'un nouveau « filon » : Sergio Leone a alors l'idée de relancer une tendance qui avait déjà connu des succès sporadiques : le western. L'affaire est calculée par lui de façon à éliminer le maximum de risque. Le film du Japonais Kurosawa, Les Sept Samouraïs, avait eu une abondante postérité mondiale (notamment italienne) sous forme de transpositions et de pastiches, à partir de son remake hollywoodien, The Magnificent Seven : Leone prend un autre film de Kurosawa (Yojimbo, 1961) et le copie presque plan par plan. Les acteurs et les techniciens sont affublés de noms américains (au point que Clint Eastwood, véritable acteur américain de Cinecittà, et vedette du film, aura du mal ensuite à ne pas passer pour italien). Quant à Leone, il choisit pour pseudonyme le nom de son père traduit en anglais : Bob Robertson. Le film, Pour une poignée de dollars (Per un pugno di dollari, 1964, le titre est d'une transparence cynique) connaît un succès international. Il sera suivi de Et pour quelques dollars de plus (Per qualche dollari in più, 1965) et Le Bon, la Brute et le Truand (Il buono, il brutto e il cattivo, 1966). Les imitateurs de Leone sont légion.

Le western italien ainsi défini se caractérise par la lenteur du geste, l'abondance des détails sadiques, l'attitude constamment hiératique de personnages assez peu nombreux et une psychologie tout à fait rudimentaire. En 1968, Leone boucle la boucle en mettant en scène Il était une fois dans l'Ouest (C'era una volta l'Ovest), sur un scénario que Bernardo Bertolucci a bourré de références cinéphiliques. Cette fois, la distribution est à dominante hollywoodienne, les personnages renvoient aux archétypes du genre : seules la lenteur et la photographie relèvent du « western spaghetti ». Les intentions ironiques de Leone restent peu perceptibles au public, mais l'habile commerçant devine au succès même du film que l'opération ne pourra être recommencée. Le médiocre Il était une fois la révolution (C'era una volta la rivoluzione, 1971), dont le titre primitif Giù la testa pourrait se traduire par « ras-le-bol ! », est nourri d'allusions contemporaines vite démodées. Il était une fois l'Amérique (C'era una volta l'America, 1984) entremêle les destinées et se donne comme une vaste fresque de l'époque de la prohibition.

— Gérard LEGRAND

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